« Un début de fraternité »

les enfants de la fraternité

Ce lundi 5 février, la Maison de La Salle à Paris a accueilli un groupe de jeunes de l’établissement La Salle Saint-Nicolas d’Issy-les-Moulineaux. Ce groupe était composé de dix jeunes du dispositif UPE2A et dix autres du Clal Jeunes. Ils étaient accompagnés du chef d’établissement, Michel Quinton, de son adjointe chargée du lycée professionnel, Frédérique Legallou, de l’enseignante responsable du dispositif UPE2A, Mme Burton, de l’enseignante responsable du Clal Jeunes, Mme Fiani, et de l’animateur en pastorale scolaire, Frédéric Jouin. L’objectif de cette matinée était de provoquer une rencontre : la rencontre entre des jeunes de deux mondes différents, aux histoires et aux préoccupations quotidiennes distinctes et qui, s’ils se croisent et se côtoient dans l’enceinte de leur établissement, ne vont pas si facilement à la découverte de l’autre. L’idée avait surgi lors d’une réunion de travail du Conseil de perfectionnement des UPE2A, qui propose de réunir périodiquement les membres impliqués des équipes éducatives des trois établissements de région parisienne qui disposent d’une UPE2A pour partager, échanger, participer à des activités communes, etc. Des activités qui favorisent la rencontre Le groupe d’Issy-les-Moulineaux s’était auparavant réuni afin de déterminer ensemble un programme d’activités. Les jeunes étaient assez vite tombés d’accord sur une promenade dans Paris, à la découverte de certains lieux incontournables qu’ils ont découverts sur le trajet entre leur établissement et la Maison de La Salle, mais aussi une rencontre-discussion avec le frère Jean-René Gentric et un repas en commun. Sans oublier une initiation au théâtre, véritable « accélérateur d’amitiés », pour reprendre les mots de Frédéric Jouin, ancien acteur professionnel, à l’origine de cette proposition. Les jeunes ont reçu un accueil convivial à la Maison de La Salle où les présentations ont été faites. Chaque groupe a ensuite participé en alternance aux deux activités proposées avant de se retrouver tous dans l’amphithéâtre pour un « retour à chaud » et des remerciements. C’est lors de ce temps de clôture que Michel Quinton a demandé : « Quel mot vous vient tout de suite à l’esprit pour qualifier ce que vous avez vécu ce matin ? » À quoi le frère Jean-René Gentric a répondu : « C’est un début de fraternité. » À poursuivre donc pour que ce « début » puisse pousser, grandir, s’épanouir et porter du fruit !

Grandir dans une école lasallienne en Terre sainte

Fêtes de Pourim et de mi-carême, déguisement pour tous les enfants en Terre sainte.

Le fait étonne parfois, mais oui, il y a en Terre sainte une centaine d’écoles chrétiennes. Qu’elles soient orthodoxes, latines, melkites ou évangéliques, dirigées par une congrégation religieuse ou sous la tutelle d’un diocèse, elles rassemblent des élèves dont près de 10 000, de la maternelle au tawjihi ou bagrout (baccalauréat palestinien ou israélien), apprennent le français. De Gaza à Nazareth, de Jérusalem à Naplouse, notre langue y est enseignée par des professeurs solides, enthousiastes, toujours intéressés par l’évolution de leur métier dans ce contexte complexe. Et parmi ces écoles, quatre établissements lasalliens sont présents depuis 1876 : à Bethléem, dans la vieille ville de Jérusalem, à Beit Hanina, commune limitrophe de Jérusalem, ainsi qu’à Tel Aviv, la fraternité lasallienne est vécue au quotidien par près de 4 000 élèves toutes confessions confondues.  Aujourd’hui, la présence bienveillante et alerte de Frère Raphaël, qui du haut de ses 94 ans navigue d’une école à l’autre, assistant aux réunions et répondant avec sagesse et astuce aux demandes de conseils de chacun, et de Frère Daoud, qui dirige le collège de la vieille ville de Jérusalem, est un ciment pour ces établissements. Crédit photo Réseau Barnabé Écoute, entraide et dialogue À Bethléem, ville fermée depuis le 7 octobre 2023, l’entraide est permanente. À l’instar des confinements dus à la crise sanitaire, chaque conflit apporte son lot d’inquiétude, d’enfermement sur soi. Au sein de l’établissement scolaire, comme dans ceux de Tel Aviv, Jérusalem ou Beit Hanina, un mot d’ordre : on se serre les coudes. Les professeurs ont ouvert des espaces de parole pour leurs élèves. Et même s’il paraît prématuré de se lancer dans des projets pour l’avenir, l’ouverture à l’autre et au monde reste présente dans cette pédagogie toute lasallienne.  À Tel Aviv, dans la magnifique vieille ville de Jaffa, le Collège des frères réunit une population de professeurs et d’élèves composée d’un tiers de juifs, un autre d’arabes chrétiens et un troisième d’arabes musulmans. Les initiatives pour créer un dialogue entre tous sont pléthore. En voici un exemple. En février dernier, la directrice Maha Abed réalise la concomitance des fêtes chrétienne de la mi-carême et juive de Pourim qui donnent chacune aux enfants l’occasion de se déguiser. Elle propose alors à l’équipe enseignante de laisser chacun libre de se parer de son plus beau costume : c’est ainsi que lors de notre dernière visite dans l’établissement, nous avons été accueillis par Batman, la Reine des neiges, des footballeurs célèbres, et même un bel Ottoman, professeur en CP. Il serait injuste de cantonner aux établissements lasalliens de Terre sainte la fraternité qui en fait la force. Tous travaillent à un objectif : grandir, s’élever, paisiblement, ensemble, quelles que soient les origines ou les pratiques religieuses des élèves. L’exemple le plus frappant est celui des quatre écoles chrétiennes présentes à Gaza. Une école orthodoxe, une seconde sous la houlette des Sœurs du Rosaire et deux autres du Patriarcat latin de Jérusalem accueillent dans leurs locaux des élèves qui, depuis début octobre, subissent tragiquement un conflit qui les dépasse. Puisse notre prière les soutenir dans cette épreuve. Alice de Rambuteau, coordinatrice du Réseau Barnabé, réseau de coopération entre l’enseignement catholique en France et les écoles chrétiennes de Terre saintePlus d’infos sur www.reseaubarnabe.org

Un clip pour fermer son clapet au harcèlement

Photo des élèves La Salle Valenciennes qui ont participé au clip contre le harcèlement

Une chanson de Maëlle, un gala de danse : c’est le point de départ d’un projet monté par une professeure d’éducation musicale avec des collégiens de l’établissement lasallien de Valenciennes. Deux temps, trois mouvements plus tard, ils réalisent un clip percutant contre le harcèlement scolaire. Tout est parti du gala annuel de danse qui s’est tenu en juin dernier au collège Saint-Jean-Baptiste de La Salle de Valenciennes. La chorale Les enchanteurs participait à l’événement. Du chant pour rythmer la danse, quelle heureuse idée ! L’émotion gagne Nathalie Vinche, professeure d’éducation musicale, lorsqu’elle entend ses élèves chanter L’effet de masse de Maëlle. Et tout devient évident : il faut réaliser un clip sur ce titre fort et engagé qui traite du harcèlement. Une équipe en ébullition C’est la fin de l’année, une course contre la montre s’organise. Emmanuel Vyvey, chef d’établissement du collège, séduit par le projet, le valide immédiatement. L’enthousiasme de Nathalie Vinche gagne ses collègues et l’équipe s’étoffe rapidement : Johanne Bricout, assistante d’éducation qui s’est déjà exercée à la réalisation de clips, et son mari ingénieur du son lui prêtent main forte. Mathias, un élève de 3e option journalisme, se charge des prises de vue et Élisabeth Gosse troque son équerre de professeure de maths pour le clavier d’un piano. Deux jours durant, les élèves s’en donnent à cœur joie et à pleine voix. Certains se révèlent, d’autres sortent de leur coquille et osent. « Nous nous sommes aperçus que le sujet du harcèlement touchait beaucoup les élèves, comme Célia qui s’est libérée au fil des séances de lourds souvenirs datant de l’école primaire, se souvient Johanne Bricout. Et nous avons découvert chez nos élèves de sacrés talents d’acteurs et/ou de chanteurs ! » Le résultat de ce travail a été présenté à l’ensemble de la communauté éducative de Valenciennes lors de la prérentrée. Et c’est un succès : de nombreux professeurs envisagent d’utiliser le clip comme support pédagogique, de même que l’infirmière scolaire. « L’idée, c’est aussi que d’autres établissements s’en servent comme support lors d’interventions contre le harcèlement », explique un professeur. L’appel est lancé ! Johanne Bricout, Caroline Dereumaux et Nathalie Vinche https://www.youtube.com/watch?v=zlYnGpt0feM

Nous pouvons tous être saints !

journée des fraternités la salle

320 frères et laïcs se sont retrouvés du 21 au 23 octobre 2023 à l’ensemble scolaire La Salle Saint-Étienne pour la rencontre nationale des fraternités. Ce rendez-vous bisannuel portait cette année sur l’Évangile de Jean « Le vent souffle où il veut ». Le lancement a été réalisé à distance depuis Rome. Le frère Joël Palud, conseiller général, et le frère Armin Luistro, supérieur général, ont emboîté le pas à Colette Allix, déléguée à la Fraternité éducative, et à toute l’équipe missionnée. À travers leur expérience de terrain, les frères des Écoles chrétiennes ont compris comment l’Esprit Saint les conduit à découvrir Dieu dans leur mission. 300 ans plus tard, le frère Armin en reste convaincu : « Vous découvrirez Dieu dans vos vies et dans vos missions », a-t-il conclu face à l’assemblée lasallienne attentive. Qui sommes-nous ? C’est la question à laquelle le frère dominicain Sylvain Detoc, premier intervenant de la session, a répondu lors de sa prise de parole. L’auteur de La gloire des bons à rien a bousculé son auditoire en revenant sur « les bras cassés » par qui le miracle arrive et sur certains personnages bibliques. « Et on s’aperçoit que dans le personnel de la Bible, ce n’est pas très glorieux », a-t-il ironisé. Mais, bonne nouvelle, Dieu veut que tous les hommes soient sauvés ! « Ceux qui en font beaucoup ne sont pas loués, ceux qui en font peu ne sont pas blâmés » a-t-il (r)assuré. Il y a donc une place de choix pour tous. Ils sont venus de toute la France profiter de la lumière divine de Saint-Étienne. De l’importance des « bras cassés » à la « Jesus’ attitude » « Ensemble, porteurs et garants ». Le thème de la deuxième journée était lancé. Le père Hervé Perrot, aumônier du Secours catholique, a rappelé qu’en France 1 enfant sur 5 vit en dessous du seuil de pauvreté et que cette pauvreté épuise. Pourtant selon lui, ils sont les forces qui nous obligent à être dans notre mission. « Le temps de l’autre sera notre temps. La pratique du frère est aussi importante que la pratique eucharistique », a souligné le père Hervé Perrot. Dans cette démarche, alors que les éducateurs sont parfois dans les turbulences du métier, il faut savoir se désencombrer pour accéder au silence et à l’autre. Bref, instaurer dans les établissements scolaires des moments propices à la réflexion et repartir à l’écoute des plus pauvres. Après un travail en atelier, les participants ont découvert avec le père Hervé la « Jesus’ attitude » : comme les apôtres, il faut entrer dans le pas de l’autre. Au départ, tout semble nébuleux, comme à l’enfant qui à sa naissance entend mais ne voit pas. Il lui faut du temps pour découvrir le monde tel qu’il est : c’est en cheminant avec l’autre que tout s’éclaire et que l’on comprend l’importance de l’attention et du bien que l’on prodigue. Le frère visiteur provincial Jean-René Gentric a réaffirmé l’importance des quatre composantes du socle sur lequel s’est construit l’identité de la famille lasallienne : sa fidélité à la mission, être des veilleurs et des éveilleurs, son unité et enfin la dimension spirituelle et la prière. Il a conclu cette session 2023 en interpellant le public : « Et moi, est-ce que je prends mieux conscience de la place de Dieu dans ma propre vie ? » Laurence Pollet et Lionel Fauthoux Exergue : « Ceux qui en font beaucoup ne sont pas loués, ceux qui en font peu ne sont pas blâmés » Crédit photo : Lionel Fauthoux Légende photo : Ils sont venus de toute la France profiter de la lumière divine de Saint-Étienne.

Pèlerinage du Rosaire : ils regardent l’autre

pelerinage du rosaire groupe

Temps fort de la cité mariale, le pèlerinage du Rosaire s’est tenu du 4 au 7 octobre 2023. Des jeunes du réseau, de la 3e au BTS, ont fait le déplacement pour se mettre au service des personnes âgées, des malades et des handicapés. Avec toujours un regard joyeux et bienveillant, tel celui posé par Marie. Foi, fraternité, service : les trois piliers lasalliens. C’est par la porte du service que 160 lasalliens ont répondu présents à l’appel des animateurs en pastorale scolaire. Venus en car des quatre coins de France (Saint-Brieuc, Auray, Issy-les-Moulineaux, Lille, Dole, Dijon et Toulouse) et encadrés par une dizaine d’adultes, ils se sont donné rendez-vous début octobre pour le pèlerinage du Rosaire. Organisé à Lourdes par l’ordre des Dominicains, ce grand rassemblement annuel est placé sous le signe de la foi et de l’autre : l’autre affaibli par l’âge ou la maladie, l’autre fragilisé par le handicap, l’autre sur lequel se tourne le regard. Comme un clin d’œil au thème lasallien de l’année, « Et toi, vers où regardes-tu ? ». Ainsi, avant de se vouer au service, les jeunes ont échangé avec une médecin de Toulouse qui accompagne au quotidien des personnes en fin de vie. Cette habituée du Rosaire les a enjoints de ne pas s’arrêter au premier regard, d’aller au-delà pour que se tisse la relation avec l’autre. Ce témoignage fort a été mis en pratique dès le mercredi 4 octobre lorsqu’il a fallu prendre en charge les pèlerins selon un emploi du temps spécifique à chacun. Une fois le petit déjeuner avalé, certains se sont dirigés vers les hôtels pour faire la connaissance de leur pèlerin et le conduire en fauteuil roulant ou en brancard à la messe d’envoi, à une conférence, aux piscines ou à la grotte. D’autres ont participé à la liturgie, tandis que les élèves de la filière sécurité de l’établissement Saint-Nicolas La Salle d’Issy-les-Moulineaux ont assuré la sécurité du pèlerinage. Une belle occasion de mettre en œuvre ce qu’ils apprennent en classe et d’acquérir de nouvelles compétences sur le terrain. Quand la complicité s’installe entre le jeune et le pèlerin Mais pour tous, c’est la rencontre qui est marquante, un moment unique où l’on s’apprivoise peu à peu et où l’on devient complices. « La personne âgée a tellement envie d’être écoutée ! s’exclame un jeune venu de Bretagne. Elle se confie, nous parle de sa famille, raconte des moments de sa vie… Si on prend le temps d’être là pour elle, on sent vite qu’elle est heureuse de parler. » L’écoute et l’attention aux plus fragiles, c’est ce qui a touché le frère Jacques Vincent Le Dréau, accompagnateur du groupe lasallien : « L’écoute est très importante lorsque l’on s’occupe de quelqu’un. L’écoute des jeunes n’était pas superficielle, ils étaient très soucieux de l’autre. Et j’ai été très étonné par les élèves chargés de la sécurité et leur manière d’accueillir les pèlerins : prévenants et attentifs. Tout en faisant leur job : une jeune fille m’a gentiment demandé d’ouvrir mon sac pour vérification ! Pas d’exception à la règle ! » C’est peu dire qu’après trois jours de partage et de complicité, les au revoir ont été pleins d’émotion. Une émotion que beaucoup envisagent déjà de revivre l’année prochaine. Deux élèves de l’ensemble scolaire Saint-Joseph de Toulouse accompagnent un monsieur en situation de handicap dans son pèlerinage. Laurence Pollet Crédit photo : Frère Jacques Vincent le Dréau

Un jeune lasallien décroche le titre du meilleur apprenti de France 2023

meilleur apprenti de france

« Je connaissais la Société nationale des meilleurs ouvriers de France mais j’ignorais qu’il y avait un concours des meilleurs apprentis, explique Alexis Bord, élève de CAP spécialité métallerie au lycée professionnel La Salle Sainte-Anne Savoisienne de La Motte-Servolex. C’est mon professeur, Christophe Méchouet, qui m’a proposé de relever le défi et j’ai trouvé que c’était une bonne idée. » Une centaine d’heures de travail plus tard, et la pièce à réaliser est prête : une table basse avec le logo des Jeux Olympiques. Le lycéen travaille sur un chantier quand Christophe Méchouet lui apprend la bonne nouvelle. « Nous étions qualifiés pour le concours national après avoir remporté les concours départemental et régional ! s’enthousiasme encore aujourd’hui Alexis. J’étais très content et très fier aussi que le travail que j’ai fait soit reconnu, ainsi que le domaine de la métallerie. » Un lycée professionnel en or ! Quelque temps plus tard, le jeune homme devient le meilleur apprenti de France 2023 spécialité métallerie. Cette victoire est la troisième médaille d’or que décroche la section métallerie du lycée savoyard en 15 ans, une section qui avait déjà remporté un concours académique et le trophée Cobaty organisé par des entreprises locales. Derrière ce prix, c’est tout le professionnalisme et le talent des apprentis, ainsi que l’espoir placé dans cette jeunesse qui a choisi l’apprentissage et le lycée professionnel comme voie de formation, et plus particulièrement les métiers de l’industrie. Des formations porteuses, à haute valeur ajoutée, et qui demandent de réels savoir-faire associés à un esprit créatif et artistique. Stephan Piallat Crédit photo : Communication La Salle La Motte Servolex

Journée outils : la créativité pédagogique à l’honneur

créativité pédagogique et ses intervenantes

Comment concilier formation des futurs enseignants et plaisir de créer ? Tout simplement grâce à une proposition faite aux étudiants de première année du master MEEF : créer un outil pédagogique qu’ils ont présenté le 14 juin 2023 à l’ISFEC La Salle Mounier (Institut supérieur de formation de l’enseignement catholique). L’édition 2023 de la journée outils organisée par l’ISFEC a permis de rendre compte de l’inventivité dont font preuve les aspirants professeurs. La consigne donnée deux mois plus tôt : imaginer un outil pédagogique pour le cycle ou la classe de leur choix, qui puisse être utilisé en atelier, en remédiation ou au cœur du travail personnalisé, selon la pédagogie initiée par le père Faure. Et ils ont brillamment relevé le défi ! L’histoire-géo est un jeu d’enfant. L’édition 2023 de la journée outils organisée par l’ISFEC a permis de rendre compte de l’inventivité dont font preuve les aspirants professeurs. La consigne donnée deux mois plus tôt : imaginer un outil pédagogique pour le cycle ou la classe de leur choix, qui puisse être utilisé en atelier, en remédiation ou au cœur du travail personnalisé, selon la pédagogie initiée par le père Faure. Et ils ont brillamment relevé le défi ! Les étudiants ont présenté aux formateurs, aux enseignants venus spécialement et même aux curieux, leurs outils pédagogiques dans différents stands. Des outils qu’ils ont peaufinés et ajustés au cours des stages où ils ont été affectés et qui ont été l’occasion de tester leur pertinence auprès des élèves. Lors de cette journée dédiée, les futurs enseignants ont ainsi pu partager leurs créations riches et variées. Certaines étaient issues de jeux bien connus de tous mais détournés : Monopoly de l’histoire, Qui est-ce ? en anglais, Uno des nombres… D’autres utilisaient des thématiques qui parlent particulièrement aux élèves comme les tables du foot ou la pizza des mathématiques. D’autres encore venaient tout droit de l’imaginaire créatif des étudiants. Cette journée outils fait partie intégrante de la tradition de l’ISFEC La Salle Mounier et est révélatrice de la pédagogie lasallienne que nous souhaitons transmettre : adapter les apprentissages scolaires à tous les élèves, en proposant des entrées différenciées et qui puissent s’intégrer dans le travail personnalisé ou dans des ateliers. Cet esprit est également au cœur du diplôme universitaire sur les pédagogies actives (DUPAC) proposé par l’ISFEC. Orienté vers une ouverture sur différentes pédagogies (Montessori, Freinet, Faure, Decroly et Dewey), son objectif est que chaque enseignant puise dans toutes ces ressources pour les adapter au contexte de son établissement.  Rendez-vous est déjà pris pour la prochaine édition de la journée outils le mercredi 12 juin 2024 ! Stéphanie Chauveau Crédit photo : ISFEC  

30’APQ : la nouvelle application gratuite pour faire bouger les écoliers

les enseignements dans l'étanlissement avec l'application

Avec sa nouvelle application 30’APQ, Jean-Marc Rigal, enseignant au sein de l’ensemble scolaire La Salle Clermont-Ferrand, offre des défis ludiques sous forme de vidéos aux personnels des écoles. Objectif : faciliter la mise en place du programme « 30 minutes d’activité physique quotidienne » dans le primaire. Ce projet, initié en mars 2022 par la société Actibloom, répond à la nécessité de lutter contre la sédentarité et l’inactivité physique, et s’inscrit dans la démarche de « l’école comme promotrice de santé ». En effet, la pratique d’une activité physique quotidienne est une condition essentielle à l’acquisition des savoirs. Pour Jean-Marc Rigal, créateur de 30’APQ (30 minutes d’activité physique quotidienne), l’application répond à un vrai besoin : « Je m’étais rendu compte début 2022 que les ressources pédagogiques mises à disposition des enseignants sur le dispositif “30 minutes d’activité physique quotidienne à l’école” étaient composées essentiellement de fiches académiques. Or le support vidéo est un très bon moyen pédagogique pour transmettre des propositions aux enseignants. J’ai soumis l’idée au ministère des Sports et ils ont été emballés. » L’application 30’APQ a ainsi obtenu le soutien du ministère des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques. Rencontre au sommet pour Jean-Marc Rigal et Amélie Oudéa-Castéra, ministre des Sports et des Jeux Olympiques et Paralympiques, pour le lancement de l’appli 30’APQ. Une appli destinée à un public plus large que les écoles Elle propose une variété de vidéos d’une à deux minutes, réalisées en partie dans l’école La Salle de Clermont-Ferrand où les écoliers ont relevé avec joie ces défis sportifs. Pour Jean-Marc Rigal, il était essentiel de proposer des contenus courts, facilement accessibles et avec des activités ne nécessitant peu ou pas de matériel. Les jeux traditionnels et les activités plus ludiques de l’appli sont accompagnés de fiches pédagogiques élaborées par des conseillers pédagogiques départementaux spécialistes de l’EPS. La mise en œuvre des « 30 minutes d’activité physique quotidienne » pour les 3-11 ans est ainsi facilitée dans les écoles. Mais au-delà des professeurs des écoles, l’application 30’APQ s’adresse aussi aux éducateurs de centres de loisirs, aux intervenants en établissements médico-sociaux ou aux parents qui souhaitent partager des activités physiques avec leurs enfants. Actuellement, ce sont déjà 5000 utilisateurs enthousiastes qui ont téléchargé gratuitement l’application et 34 vidéos accessibles. Deux nouvelles vidéos viendront chaque mois compléter ce panel jusqu’en juillet 2024 et le début des Jeux Olympiques de Paris. Depuis la rentrée 2023, des vidéos ont été produites afin d’adapter les contenus proposés aux élèves en situation de handicap et leur permettre de participer aux activités proposées.   Marjorie Reuland   Crédit photo : Hervé Hamon

La solidarité, un don d’amour

la solidarite article lasallien

Février 2022. La guerre en Ukraine fait irruption sur nos écrans. Au collège Saint-Jean-Baptiste de La Salle de Nîmes, trois collègues et amis refusent de rester les bras ballants et organisent un convoi de biens de première nécessité. Un voyage solidaire qui éveille en eux le désir de revenir pour offrir simplement un peu d’eux-mêmes et de leur amour. Tout est parti d’un coup de fil à Sébastien Garcia, professeur d’histoire-géographie au collège lasallien de Nîmes. « Je ne peux pas rester sans rien faire ici alors que la guerre fait rage en Ukraine ! » tempête une de ses amies peu après le début de l’offensive russe. Un temps de réflexion et la décision est prise : Sébastien, Caroline Delayat et Claire Laloi, toutes deux animatrices en pastorale à Nîmes, se lancent dans l’organisation d’un convoi solidaire au départ du collège Saint-Jean-Baptiste de La Salle. Location du camion, don de cartons de déménagement, appel à la générosité des familles, tout s’enchaîne très vite. Le 6 juillet 2022, à 5h, le convoi est prêt à partir. Destination : un grand hôtel situé en Pologne, à quelques kilomètres de Varsovie, qui accueille 800 orphelins ukrainiens. Les trois amis lasalliens ne restent que deux jours, le temps de décharger les produits de première nécessité du camion et de jouer avec les enfants. « On a vu là des enfants qui, par leurs gestes et leur regard, cherchaient en nous l’amour, les orphelins d’avant la guerre. Et d’autres, les orphelins de guerre, qui dans leurs dessins, montraient que leurs parents étaient partis au ciel », se souvient Claire Laloi. Le temps d’un jeu, Sébastien Garcia fait oublier aux enfants ce qu’ils ont vécu et éloigne leurs inquiétudes. Prendre le temps d’en donner Mais le convoi doit repartir ; il est attendu à Przemyskiej, 500 km plus loin. Dans ce camp de réfugiés, 20 familles, essentiellement des grands-mères et des mères avec enfants, attendent de savoir ce que leur réserve la vie. L’ambiance est lourde et pesante. Caroline, Claire et Sébastien jouent au volley avec de grands ados qui oublient pour quelques heures leurs tourments. Et ressentent une grande frustration : « On est un peu les livreurs d’Amazon. On arrive, on donne et il faut repartir », lâche l’animatrice en pastorale. Les échanges avec ces Ukrainiens en souffrance sont trop restreints. La frustration mûrit sur le chemin de retour et se transforme en nouveau projet : partir, mais cette fois les mains vides, juste pour le don de soi. En février 2023, les trois amis et Lydie Caillet, une professeure d’histoire qui s’est jointe au projet, décollent de Paris. Direction le petit village de Zatwarnica, à la frontière polonaise, où le père Mareck, « un prêtre extraordinaire », et le diocèse local louent un grand hôtel pour accueillir des réfugiés ukrainiens. Dans ce camp de transit règne une ambiance quasi-militaire : repas à 9, 14 et 18h, plus de bruit ni de déplacement dans les couloirs après 20h30, pas de visite inopinée chez le médecin. On souffre en silence. « Le rythme des journées était toujours le même, analyse Claire Laloi. Il n’y avait pas de place pour de petites joies. Et rien n’était fait pour créer du lien entre les 80 personnes du camp. » Alors, pendant que Caroline propose des massages qui deviennent des moments de relâchement intense du corps et de l’âme, Lydie, Claire et Sébastien s’occupent des enfants : pendant près de 10 jours, ils les emmènent en forêt, dansent et chantent avec eux, organisent des soirées crêpes, partagent des jeux créatifs. Des parenthèses dans l’attente. Une attente que les femmes du camp voudraient abréger. « Ces mamans veulent rester là, parce que c’est à 10 km de la frontière et elles sont prêtes à repartir, explique l’animatrice en pastorale. Ce qui nous a beaucoup marqués, c’est que les gens nous demandaient énormément de sacs. Lorsqu’on passait avec des sacs plastiques vides, ils se disputaient pour les avoir. Le sac, on y met le minimum de ce qu’on a et on peut partir. » Dix jours passés à Zatwarnica ont suffi pour nouer des liens solides entre Claire, Sébastien, Lydie et ces Ukrainiennes que le conflit a séparées de leur mari et de leurs fils. Exergue : « Le don d’amour n’a pas de prix. Pas besoin d’avoir un compte en banque bien garni. Il suffit juste de le décider » De ce séjour solidaire, les éducateurs nîmois retiennent surtout l’importance du don d’amour qui se prolonge dans les photos et les messages quotidiens envoyés par leurs amis ukrainiens. « Combien de fois des petites grands-mères se sont accrochées à nous lorsqu’on les croisait dans l’escalier ! Combien de fois avons-nous pris des enfants dans nos bras ! s’enthousiasme Claire. Le don d’amour n’a pas de prix. Pas besoin d’avoir un compte en banque bien garni. Il suffit juste de le décider. » Cette solidarité simple qui fait grandir l’homme, Claire et Sébastien comptent bien la faire goûter à des jeunes. Ils travaillent d’ores et déjà sur un projet de solidarité et d’animation, toujours en Pologne, avec quatre anciens de l’Asel (Action solidarité entraide lasallienne) qui préparent le Bafa. Départ prévu en juillet prochain.   Laurence Pollet Crédit photo : Photo 1 : Lydie Caillet Photo 2 : Claire Laloi

À l’école du sourire

a l'ecole du sourire un eleve nous regarde en classe d'école

« Je m’appelle Lina, je suis en CM2 à l’école La Providence La Salle depuis la petite section. Si vous saviez comme je suis heureuse ici, c’est une véritable famille ! On nous aide beaucoup, le travail est sérieux et il y a plein d’activités comme le théâtre ou la musique. Ah j’oubliais, je passe également ma certification Cambridge. » Ce témoignage nous laisserait croire que la réputation de l’établissement nancéien n’est plus à faire. Mieux encore, que ce dernier est situé dans un quartier privilégié. Il n’en est rien : l’école est implantée sur le plateau Nord de la ville, reconnu zone d’éducation prioritaire. Bienvenue dans la cité du Haut-du-Lièvre, plus connue pour ses voitures qui brûlent que pour le vivre-ensemble et la chaleur de ses habitants. « Dommage ! s’exclame Mélanie, professeure en grande section et CP. Les enfants sont éveillés, performants et bien accompagnés par les familles, sans compter la bienveillance vis-à-vis des enseignants. Quand on arrive en ville… Ici, c’est l’opposé de la célèbre chanson de Starmania », souligne-t-elle en esquissant un sourire. Le Hip-Hop, une discipline rigoureuse et exigeante proposée par Samira plusieurs fois par semaine pour le plus grand bonheur des enfants L’interculturel, une richesse pour les enfants et les adultes Pour Élodie, l’épanouissement est total. À l’image de ses collègues, cette agente spécialisée des écoles maternelles prolonge les bras des mamans qui lui confient leurs enfants chaque matin. « Ici, 90% des enfants sont de confession musulmane. J’apprends beaucoup de cette culture et de ses croyances. C’est actuellement le ramadan et certains enfants se désespèrent de suivre le jeûne quotidien. Alors j’encourage, je félicite, je console si nécessaire. L’accompagnement avec les familles de tous ces temps forts permet de consolider les liens en confiance. Et c’est parce que nous sommes dans une institution catholique que nous devons comprendre la différence et la considérer comme une richesse », souligne cette ancienne coiffeuse. Elodie prolonge les bras des mamans qui lui confient leurs enfants chaque matin. Exergue : « Ce qui nous relie ici, c’est que nous parlons de Dieu » Midi. La cloche retentit. Les bâtiments, organisés en enfilade, laissent s’échapper une centaine d’enfants. La magnifique Vierge qui trône dans la cour est décorée de fleurs : les écoliers ont célébré la première journée de printemps sur le thème de la renaissance et du pardon. La directrice Sonia Blanchard et ses équipes se réjouissent d’avoir insufflé ces dernières années un climat serein prônant le respect et la tolérance. « Ce qui nous relie ici, c’est que nous parlons de Dieu. Toutes les célébrations assurées par le père Pierre Hinzelin font l’unanimité auprès des jeunes. » Saint Jean-Baptiste de La Salle fait aussi partie des figures incontournables de l’école : son portrait et quelques-unes de ses citations accompagnent les enfants dans les couloirs qui mènent à Samira. Bonnet noir enfoncé sur la tête, survêtement et baskets, voilà que cette professeure de hip hop se lance dans un baby freeze, l’emblématique figure du breakdance. Une quinzaine d’enfants lui emboîtent le pas. L’exercice, léger en apparence, nécessite une rigueur et une coordination de gestes très précis. « J’accompagne tous ces jeunes à prendre conscience de leur corps et de l’harmonie du mouvement », explique la sportive. L’école La Providence La Salle, portée par une dizaine de femmes et un enseignant spécialisé homme, offre un tremplin de vie pour ces enfants qui, aujourd’hui, viennent grossir les rangs des collèges les mieux côtés de Nancy. Lionel Fauthoux Crédit photo : Lionel Fauthoux