Grandir dans une école lasallienne en Terre sainte

Le fait étonne parfois, mais oui, il y a en Terre sainte une centaine d’écoles chrétiennes. Qu’elles soient orthodoxes, latines, melkites ou évangéliques, dirigées par une congrégation religieuse ou sous la tutelle d’un diocèse, elles rassemblent des élèves dont près de 10 000, de la maternelle au tawjihi ou bagrout (baccalauréat palestinien ou israélien), apprennent le français. De Gaza à Nazareth, de Jérusalem à Naplouse, notre langue y est enseignée par des professeurs solides, enthousiastes, toujours intéressés par l’évolution de leur métier dans ce contexte complexe. Et parmi ces écoles, quatre établissements lasalliens sont présents depuis 1876 : à Bethléem, dans la vieille ville de Jérusalem, à Beit Hanina, commune limitrophe de Jérusalem, ainsi qu’à Tel Aviv, la fraternité lasallienne est vécue au quotidien par près de 4 000 élèves toutes confessions confondues. 

Aujourd’hui, la présence bienveillante et alerte de Frère Raphaël, qui du haut de ses 94 ans navigue d’une école à l’autre, assistant aux réunions et répondant avec sagesse et astuce aux demandes de conseils de chacun, et de Frère Daoud, qui dirige le collège de la vieille ville de Jérusalem, est un ciment pour ces établissements.

Fêtes de Pourim et de mi-carême, déguisement pour tous les enfants en Terre sainte.
Crédit photo Réseau Barnabé

Écoute, entraide et dialogue

À Bethléem, ville fermée depuis le 7 octobre 2023, l’entraide est permanente. À l’instar des confinements dus à la crise sanitaire, chaque conflit apporte son lot d’inquiétude, d’enfermement sur soi. Au sein de l’établissement scolaire, comme dans ceux de Tel Aviv, Jérusalem ou Beit Hanina, un mot d’ordre : on se serre les coudes. Les professeurs ont ouvert des espaces de parole pour leurs élèves. Et même s’il paraît prématuré de se lancer dans des projets pour l’avenir, l’ouverture à l’autre et au monde reste présente dans cette pédagogie toute lasallienne. 

À Tel Aviv, dans la magnifique vieille ville de Jaffa, le Collège des frères réunit une population de professeurs et d’élèves composée d’un tiers de juifs, un autre d’arabes chrétiens et un troisième d’arabes musulmans. Les initiatives pour créer un dialogue entre tous sont pléthore. En voici un exemple. En février dernier, la directrice Maha Abed réalise la concomitance des fêtes chrétienne de la mi-carême et juive de Pourim qui donnent chacune aux enfants l’occasion de se déguiser. Elle propose alors à l’équipe enseignante de laisser chacun libre de se parer de son plus beau costume : c’est ainsi que lors de notre dernière visite dans l’établissement, nous avons été accueillis par Batman, la Reine des neiges, des footballeurs célèbres, et même un bel Ottoman, professeur en CP.

Il serait injuste de cantonner aux établissements lasalliens de Terre sainte la fraternité qui en fait la force. Tous travaillent à un objectif : grandir, s’élever, paisiblement, ensemble, quelles que soient les origines ou les pratiques religieuses des élèves. L’exemple le plus frappant est celui des quatre écoles chrétiennes présentes à Gaza. Une école orthodoxe, une seconde sous la houlette des Sœurs du Rosaire et deux autres du Patriarcat latin de Jérusalem accueillent dans leurs locaux des élèves qui, depuis début octobre, subissent tragiquement un conflit qui les dépasse. Puisse notre prière les soutenir dans cette épreuve.

Alice de Rambuteau, coordinatrice du Réseau Barnabé, réseau de coopération entre l’enseignement catholique en France et les écoles chrétiennes de Terre sainte
Plus d’infos sur www.reseaubarnabe.org

Partagez cet article

Une question ?

Vous avez besoin d’une information concernant un de nos établissements ? N’hésitez pas à nous contacter et nous vous répondons ! 

en ce moment

Suivez nos dernières actualités

Deux ans de succès pour la première école vétérinaire privée de France

Deux ans de succès pour la première école vétérinaire privée de France

Inaugurée le 16 février 2024 par Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture et de la…

Faites de la place aux femmes !

Faites de la place aux femmes !

Face à une Marie Curie reconnue dans le monde entier pour ses travaux sur…

École Oscar Romero : l’intention de départ n’était pas de créer une école

École Oscar Romero : l’intention de départ n’était pas de créer une école

Comprendre de l'intérieur ce que vivaient les jeunes de banlieue, pour devenir leurs compagnons…

Suivez-nous sur nos réseaux