À l’initiative de Philippe Delon, chargé de mission Odes (Œuvres et dispositifs éducatifs et solidaires), s’est tenu début avril le forum sur l’accueil des jeunes migrants à la Maison de La Salle. Une première qui a permis de faire le point sur les initiatives déjà existantes dans le réseau La Salle et de partager les joies et les peines de ces expériences uniques.
Une soixantaine de personnes se sont réunies rue de Sèvres, à Paris, pour le premier forum consacré à l’accueil des jeunes migrants dans le réseau La Salle les 4 et 5 avril 2024. Et ce ne sont pas des experts de la question qui se sont succédé lors des tables rondes et des ateliers, mais des chefs d’établissement, des frères ou des assistants d’éducation venus partager leurs expériences. Mus par la volonté d’aider ces mineurs non accompagnés qui ont souvent traversé la Méditerranée avec une farouche détermination, ils ont su rallier autour d’eux une équipe motivée.
« Je sais que je ne peux pas tout faire, que je ne vais pas tout sauver. Mais je vais faire ma part. Notre spécialité, c’est l’école ; alors, au lycée Sacré-Cœur La Salle de Nantes, on scolarise ces jeunes », a indiqué la cheffe d’établissement Raphaëlle Hannezo. Emploi du temps spécifique avec 12 heures minimum de français, création d’une UPE2A (unité pédagogique pour élèves allophones arrivant) ou intégration dans les classes classiques, les choix pédagogiques sont multiples. De même que l’accompagnement et l’hébergement, question cruciale maintes fois soulevée lors du forum. Comment un jeune qui a dormi dehors peut-il se défaire des tensions de la nuit et laisser son histoire personnelle derrière lui, une fois passées les grilles de l’école ? Alors, les uns ouvrent les portes de leur internat, les autres travaillent avec des associations, d’autres encore ont mis en place un réseau de familles qui, à tour de rôle, logent les jeunes migrants pendant les weekends et les vacances scolaires. Sans oublier les frères de Nantes qui ont aménagé une partie de la maison communautaire pour faciliter cet accueil. Parfois, on découvre qu’un personnel loge chez lui un migrant depuis des mois sans rien dire, comme c’est le cas au collège parisien Saint-Germain de Charonne La Salle. Quelle que soit la situation du jeune et de l’établissement scolaire, « on est toujours dans de la broderie, il faut constamment s’adapter », constate Élodie Bournisien, la cheffe d’établissement. « C’est sans arrêt de la broderie, mais c’est une broderie qui se vit bien », ajoute Alexandre Forcade, chef d’établissement lasallien à Pruillé-le-Chétif. S’il n’y a pas de mode d’emploi unique pour accueillir ces mineurs non accompagnés, le projet rassemble, il pose la question du « vivre en frères » comme l’a indiqué Christophe Eugène, il ouvre les cœurs de ses acteurs et les perspectives de ces jeunes exilés. « Ce partage d’expériences doit se poursuivre, absolument, a conclu le frère visiteur provincial Jean-René Gentric. Mettons tout en œuvre pour accueillir les migrants, les sans toit (…). Conduisons les nantis à descendre de leur tour d’ivoire, les témoignages d’aujourd’hui nous ont montré que c’est possible. »