Nommé frère supérieur général lors du 46e chapitre des frères de l’Institut en mai 2022, Armin Luistro avait à cœur de faire un tour du monde lasallien et de s’arrêter quelques jours dans le pays du fondateur pour y découvrir les réalités de nos missions et de nos communautés.
Le frère Armin, accompagné de l’ensemble de ses conseillers généraux, a découvert dès son arrivée à Paris le programme concocté par le frère Jean-René Gentric. Le visiteur provincial avait particulièrement mis l’accent sur la découverte des œuvres nouvelles, autrement dit des structures éducatives où frères et laïcs répondent quotidiennement à une urgence éducative.
6 mars, jour de grève. Les visiteurs romains embarquent dans une rame bondée de la ligne 13 qui remonte le joli quartier des Invalides dans le 7e arrondissement de Paris jusqu’à la grisaille de Saint-Denis (93) où l’ambiance est paradoxalement plus respirable et enjouée. Quelques kilomètres en voiture et ils arrivent à Garges-lès-Gonesse, où l’établissement Oscar Romero accueille 70 jeunes en décrochage scolaire. Le travail mené par Étienne, Catherine, Sœur Rénia, Marc, Kamel,… est absolument remarquable. Les enjeux ? L’apprentissage de la lecture, de l’écriture, des fondamentaux en mathématiques et l’acquisition d’un minimum de culture générale. Le pari se transforme en réussite pour Maessa, 13 ans, qui ne savait pas lire il y a encore trois ans ou pour Manel, 14 ans, qui aujourd’hui ambitionne de devenir infirmière.
La matinée s’achève par un passage aux Doucettes, un quartier qui a fêté ses 50 ans d’existence il y a quelques mois. Le frère Bernard, qui a longtemps œuvré dans ce lieu populaire et cosmopolite situé non loin d’Oscar Romero, le présente à la délégation venue de Rome. Trois sœurs « lasalliennes » de la fraternité Jean-Martin Moyë y jouent depuis plusieurs années un précieux rôle d’animation et d’éducation.
Des camping-cars transformés en salles de classe
Sur la pause méridienne, direction Viarmes, banlieue du Val d’Oise, à la découverte des camions-école. « Lorsque les enfants ne vont pas à l’école, c’est l’école qui vient à eux », explique-t-on au frère Armin et à ses conseillers. Une douzaine d’écoliers accourent du terrain vague sur lequel sont installées des caravanes. Sophie et Jean-Noël, leurs professeurs, ouvrent les portières coulissantes des deux camping-cars aménagés depuis plus de 30 ans en salles de classe. Lecture, étude des sons, vocabulaire, calcul : il s’agit là de transmettre un savoir pratique pour pouvoir se débrouiller dans la vie. Un long échange entre les frères et le « chef » du campement, le père de l’un des enfants, est l’occasion de mesurer tous les bienfaits du dispositif et la reconnaissance des équipes éducatives. « Créer une classe unique pour notre communauté est une chance pour nos enfants. Elle est le véritable lien social, culturel et fraternel avec le monde extérieur », souligne-t-il.
Ce qui a surtout marqué les frères, c’est l’investissement inconditionnel des équipes auprès de l’ensemble de ces jeunes des périphéries. Leur carnet de voyage aurait été incomplet sans les visites du Paris lasallien (lieux où saint Jean-Baptiste de La Salle a étudié et œuvré) et des établissements de la région, mais aussi de l’Hôtel de La Salle à Reims et enfin d’un des établissements lasalliens rémois dans lequel a été enregistré une émission sur la web radio des jeunes RJR (Radio Jeunes Reims).
Lionel Fauthoux