Accueillir et être accueilli

« L’accueil de tous ». L’accroche se retrouve dans la majorité de nos plaquettes de communication. Mais quel sens donner à ce mot ? Comment l’accueil prend-il corps dans les établissements lasalliens ? Qu’est-ce qu’un accueil réussi ? Nous sommes allés à la rencontre de Nadine Zamith, cheffe d’établissement de l’ensemble scolaire Saint-Germain de Charonne La Salle à Paris, pour répondre à toutes ces questions.

L’ensemble scolaire, situé dans une zone REP (Réseau d’éducation prioritaire) du 20e arrondissement de Paris, surplombe le quartier et nous regarde de haut dès notre arrivée. Derrière les grandes lignes verticales d’acier trempé qui composent l’immense portail, on peut entendre les cris de joie des élèves de l’école. Une fois le portail franchi, nous sommes immédiatement plongés dans les jeux de marelle et de billes qui rappellent l’école d’antan. Au mur, des dessins colorés d’enfants. Dans l’espace du collège est affichée la une du journal Charonnews. Il s’agit des dernières actualités rédigées par des élèves accompagnés de professeurs dans le cadre d’un atelier. Un peu plus loin, une webradio résonne avec des sujets variés et contemporains, et nous rappelle que nous sommes bien au XXIe siècle ! Nous apprendrons par la suite que ces ateliers du collège sont portés par les professeurs dans le cadre du projet d’établissement pour permettre de développer le discernement et l’esprit critique, et donc, de maîtriser l’information face à l’omniprésence des réseaux sociaux et des fake news.

accueil des enfants et acceuillir photo d'une jeune femme

« « ACCUEILLIR, C’EST FAIRE UNE PLACE POUR GRANDIR ET S’ÉPANOUIR EN LIEN AVEC LES AUTRES »»

Chaque famille qui souhaite inscrire son enfant passe par la rencontre avec la directrice pour un entretien d’une heure. En effet, pour Nadine Zamith, « il est fondamental que chacun trouve sa place et puisse se construire et s’épanouir en lien avec les autres », et en premier lieu laisser à chacun sa liberté : « Je n’ai jamais inscrit un enfant qui ne voulait pas venir à Charonne ». L’établissement qui accueille la multiculturalité induit le discernement sur le vivre ensemble, ou plutôt le vivre en partage et en fraternité, avec pour dénominateur commun l’adhésion au projet éducatif lasallien et aux valeurs qui le composent.

Un œil bienveillant posé sur chaque enfant

Un œil bienveillant posé sur chaque enfantL’accueil prend différentes formes et il est partout à Saint-Germain de Charonne : de la salle des professeurs qui échangent autour d’un café au bureau de la direction, de la cour de récréation aux salles de classe en passant par l’entrée. Il présuppose la liberté. « L’école est un lieu où l’on apprend à être en lien, à faire ensemble, à se construire en harmonie. »
photo enfant parent
eleves acceuil

Une classe d’allophones où se conjuguent les verbes « recevoir » et « donner »

C’est dans cet esprit que l’établissement lasallien accueille aussi, depuis deux ans, la classe Nelson Mandela ouverte à des mineurs non accompagnés. Les fondamentaux tels que la lecture et l’écriture, les mathématiques et l’anglais sont acquis en petits groupes de 5-6 jeunes. En revanche, pour ce qui est des arts plastiques, de l’éducation physique ou musicale par exemple, les allophones vivent l’immersion en classe ordinaire ; c’est ce qui fait l’enrichissement du groupe et permet de construire des liens.
La cheffe d’établissement nous rappelle que le mot « hôte » comporte un double sens : l’hôte est à la fois celui qui accueille et celui à qui l’on donne l’hospitalité. Ce qui implique l’échange, voire la réciprocité. Un même mot pour évoquer deux idées. Accueillir, c’est aller vers l’autre et recevoir de lui, c’est donner et s’enrichir.

Comment accueillir pour donner confiance dans l’avenir ?

Fawa est une jeune ivoirienne de 17 ans. Elle fait partie de la classe Nelson Mandela. Arrivée à la gare du Nord en plein hiver 2021, transie de froid, elle a découvert après un périple de plusieurs milliers de kilomètres, l’accueil par la couverture chaude dont un membre de la Croix Rouge l’a enveloppée. Une douche, un repas, le minimum pour recevoir la première attention, le premier signe d’affection.
Au bout de quelques mois, Fawa a retrouvé l’esquisse d’un sourire en s’installant sur le banc de l’école du quartier parisien. Elle est, pour la première fois de sa vie, attendue. Extrêmement reconnaissante de cette main tendue, de cette confiance témoignée, Fawa travaille avec opiniâtreté et rattrape petit à petit le niveau. « Par l’accueil, par la disponibilité de mes amis, de mes professeurs, j’ai aujourd’hui un projet et une ambition », nous explique celle qui rêve de devenir esthéticienne. « C’est l’une des élèves les plus impliquées de la classe», nous confie Véronique Goudale, sa professeure de français. La preuve : l’enseignante a embarqué son groupe au théâtre du Châtelet pour découvrir l’odyssée africaine Le vol du Boli et le lendemain, Fawa s’est fait une joie de traduire la culture animiste bambara d’Afrique subsaharienne en français. Rien de tel pour prendre confiance en soi et ouvrir ses camarades à ses origines.
recre accueillir

Soigner les maux par les mots

Sylvain, lui aussi élève de la classe Nelson Mandela, a vécu des épisodes extrêmement douloureux dans sa vie, enfouis en son for intérieur. Lors de la journée de la fraternité 2021, il a enfin eu la possibilité de crier sa rage grâce à une chanson qu’il avait été invité à présenter dans le cadre d’un temps fort de fraternité au sein de l’établissement. Son texte violent, avec des mots difficiles à entendre par tous les élèves, plaçait les équipes éducatives devant un sacré dilemme. Comment ne pas censurer le message de Sylvain issu de sa terrible expérience de la migration et de la misère ? La cheffe d’établissement a alors proposé à Sylvain de conserver son texte mais de l’écrire en soninké, sa langue maternelle. Les maux se sont exprimés, à travers le texte de sa chanson. Sylvain est aujourd’hui devenu la star de sa promotion.

L’accueil, c’est aussi la leçon du renard au Petit Prince

« Il faut d’abord apprivoiser ces jeunes. Cela peut prendre des semaines », confie Véronique Goudale, rappelant cette réflexion du renard au Petit Prince dans le livre de Saint-Exupéry : « Si tu m’apprivoises, nous aurons besoin l’un de l’autre. Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde. » Accueillir, c’est une façon pour tous de grandir en humanité, d’éduquer le regard de l’autre, d’apprendre à respecter la liberté, le parcours et les aspirations de chacun, et ainsi accompagner les jeunes sur une voie qui leur est propre. Comme le résume Nadine Zamith, « on n’a jamais fini de réfléchir sur la définition de l’accueil » : comme la foi, c’est un cheminement quotidien, qui demande humilité et reconnaissance, ouverture et bienveillance. Qu’est-ce donc l’accueil de tous ? C’est accompagner chaque personne, permettre à chacun de grandir et de s’épanouir, dans une relation fraternelle d’échange.

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