La solidarité, un don d’amour

Février 2022. La guerre en Ukraine fait irruption sur nos écrans. Au collège Saint-Jean-Baptiste de La Salle de Nîmes, trois collègues et amis refusent de rester les bras ballants et organisent un convoi de biens de première nécessité. Un voyage solidaire qui éveille en eux le désir de revenir pour offrir simplement un peu d’eux-mêmes et de leur amour.

Tout est parti d’un coup de fil à Sébastien Garcia, professeur d’histoire-géographie au collège lasallien de Nîmes. « Je ne peux pas rester sans rien faire ici alors que la guerre fait rage en Ukraine ! » tempête une de ses amies peu après le début de l’offensive russe. Un temps de réflexion et la décision est prise : Sébastien, Caroline Delayat et Claire Laloi, toutes deux animatrices en pastorale à Nîmes, se lancent dans l’organisation d’un convoi solidaire au départ du collège Saint-Jean-Baptiste de La Salle. Location du camion, don de cartons de déménagement, appel à la générosité des familles, tout s’enchaîne très vite. Le 6 juillet 2022, à 5h, le convoi est prêt à partir. Destination : un grand hôtel situé en Pologne, à quelques kilomètres de Varsovie, qui accueille 800 orphelins ukrainiens. Les trois amis lasalliens ne restent que deux jours, le temps de décharger les produits de première nécessité du camion et de jouer avec les enfants. « On a vu là des enfants qui, par leurs gestes et leur regard, cherchaient en nous l’amour, les orphelins d’avant la guerre. Et d’autres, les orphelins de guerre, qui dans leurs dessins, montraient que leurs parents étaient partis au ciel », se souvient Claire Laloi.

la solidarite article lasallien
Le temps d’un jeu, Sébastien Garcia fait oublier aux enfants ce qu’ils ont vécu et éloigne leurs inquiétudes.

Prendre le temps d’en donner

Mais le convoi doit repartir ; il est attendu à Przemyskiej, 500 km plus loin. Dans ce camp de réfugiés, 20 familles, essentiellement des grands-mères et des mères avec enfants, attendent de savoir ce que leur réserve la vie. L’ambiance est lourde et pesante. Caroline, Claire et Sébastien jouent au volley avec de grands ados qui oublient pour quelques heures leurs tourments. Et ressentent une grande frustration : « On est un peu les livreurs d’Amazon. On arrive, on donne et il faut repartir », lâche l’animatrice en pastorale. Les échanges avec ces Ukrainiens en souffrance sont trop restreints. La frustration mûrit sur le chemin de retour et se transforme en nouveau projet : partir, mais cette fois les mains vides, juste pour le don de soi.

En février 2023, les trois amis et Lydie Caillet, une professeure d’histoire qui s’est jointe au projet, décollent de Paris. Direction le petit village de Zatwarnica, à la frontière polonaise, où le père Mareck, « un prêtre extraordinaire », et le diocèse local louent un grand hôtel pour accueillir des réfugiés ukrainiens. Dans ce camp de transit règne une ambiance quasi-militaire : repas à 9, 14 et 18h, plus de bruit ni de déplacement dans les couloirs après 20h30, pas de visite inopinée chez le médecin. On souffre en silence. « Le rythme des journées était toujours le même, analyse Claire Laloi. Il n’y avait pas de place pour de petites joies. Et rien n’était fait pour créer du lien entre les 80 personnes du camp. » Alors, pendant que Caroline propose des massages qui deviennent des moments de relâchement intense du corps et de l’âme, Lydie, Claire et Sébastien s’occupent des enfants : pendant près de 10 jours, ils les emmènent en forêt, dansent et chantent avec eux, organisent des soirées crêpes, partagent des jeux créatifs. Des parenthèses dans l’attente. Une attente que les femmes du camp voudraient abréger. « Ces mamans veulent rester là, parce que c’est à 10 km de la frontière et elles sont prêtes à repartir, explique l’animatrice en pastorale. Ce qui nous a beaucoup marqués, c’est que les gens nous demandaient énormément de sacs. Lorsqu’on passait avec des sacs plastiques vides, ils se disputaient pour les avoir. Le sac, on y met le minimum de ce qu’on a et on peut partir. »

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Dix jours passés à Zatwarnica ont suffi pour nouer des liens solides entre Claire, Sébastien, Lydie et ces Ukrainiennes que le conflit a séparées de leur mari et de leurs fils.

Exergue : « Le don d’amour n’a pas de prix. Pas besoin d’avoir un compte en banque bien garni. Il suffit juste de le décider »

De ce séjour solidaire, les éducateurs nîmois retiennent surtout l’importance du don d’amour qui se prolonge dans les photos et les messages quotidiens envoyés par leurs amis ukrainiens. « Combien de fois des petites grands-mères se sont accrochées à nous lorsqu’on les croisait dans l’escalier ! Combien de fois avons-nous pris des enfants dans nos bras ! s’enthousiasme Claire. Le don d’amour n’a pas de prix. Pas besoin d’avoir un compte en banque bien garni. Il suffit juste de le décider. » Cette solidarité simple qui fait grandir l’homme, Claire et Sébastien comptent bien la faire goûter à des jeunes. Ils travaillent d’ores et déjà sur un projet de solidarité et d’animation, toujours en Pologne, avec quatre anciens de l’Asel (Action solidarité entraide lasallienne) qui préparent le Bafa. Départ prévu en juillet prochain.

 

Laurence Pollet

Crédit photo :

Photo 1 : Lydie Caillet

Photo 2 : Claire Laloi

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