Reportage dans un de nos établissements : Le théâtre, une tradition lasallienne
Extrait du reportage Magazine La Salle liens international juin 2023 Florence Porcel – Laurence Pollet – Lionel Fauthoux
pour en savoir plus : l.fauthoux@lasallefrance.fr ou l.pollet@lasallefrance.fr
La pratique du théâtre est une tradition dans un certain nombre d’établissements du réseau La Salle : partout en France depuis plusieurs décennies, des enfants, des jeunes, des enseignants et des éducateurs montent sur les planches pour présenter le fruit de plusieurs mois de travail, pour le plus grand plaisir du public.
École et théâtre peuvent être antinomiques : quand le second consiste à jouer, la première est faite pour travailler. Mais au sein du réseau La Salle, un certain nombre d’établissements arrivent avec bonheur à concilier les deux. Si toutes les écoles qui proposent une activité théâtre ont comme point commun de l’incorporer parmi le temps scolaire, le choix proposé aux élèves peut être plus élargi. Au collège Saint-Jean La Salle de Guidel en Bretagne, les jeunes peuvent faire du théâtre pendant la pause méridienne avec des cours dispensés par une intervenante extérieure, elle-même comédienne et metteuse en scène. Dans ce même établissement, il existe une option nommée « classe interlangue » où les élèves pratiquent le théâtre dans les trois langues étrangères enseignées dans les classes : l’anglais, l’allemand et l’espagnol. Une enseignante de français, Catherine Favé, a également mis en place une classe théâtre pour ses 6es, afin de dispenser son enseignement autrement – avec une audition à l’entrée. « Il s’agit de déceler une appétence, un talent naturel, ou une forte envie malgré une timidité », précise-t-elle.
À Notre-Dame La Salle à Chemillé-en-Anjou dans le Maine-et-Loire, établissement accueillant un collège et un lycée, un atelier théâtre sur la pause méridienne est proposé aux collégiens, une option théâtre intégrée à l’emploi du temps est ouverte à tous les lycéens, et une préparation aux oraux est dispensée aux terminales par une professionnelle parisienne, Sophie Lecarpentier. Cette même intervenante est présente pour une initiation de deux heures dispensée aux enseignants lors de la journée pédagogique de rentrée : « Il est toujours difficile de parler de soi et de se mettre en avant, surtout quand on a 17 ou 18 ans, mais également plus tard. Les professeurs peuvent ainsi l’expérimenter, afin de se représenter quels enjeux et quelles difficultés constitue le Grand oral pour les jeunes », explique Patricia Noël, la cheffe d’établissement.
Outre les différentes modalités de la pratique, la politique budgétaire peut être différente d’un établissement à l’autre. Au collège Sainte-Cécile La Salle d’Angers par exemple, l’option est payante : « Il s’agit de 90 euros pour l’année, précise Marie de Saint-Martin, adjointe en pastorale scolaire et référente théâtre. Mais les parents perçoivent bien cette activité, les inscriptions sont toujours nombreuses : 85 élèves en moyenne participent à l’option. »
Le théâtre, une option très prisée
Partout, les demandes affluent et l’option théâtre est parmi les plus prisées par les élèves de tout niveau. « Elle fait partie des moyens qui permettent aux enfants de s’épanouir et les parents sont sensibles à cet aspect. Cela fait partie du projet d’établissement », confie Mélanie Duffy, directrice de l’école maternelle et élémentaire Saint-Joseph-La-Salle de Dijon en Côte d’Or.
Dans un milieu rural comme Chemillé-en-Anjou, l’arrivée de la pratique théâtrale a été un changement plus que positif, à la fois pour l’établissement et pour le tissu social au niveau local : « C’est une acculturation qui se fait dans un milieu qui n’y était pas habitué. En deux ans, le nombre d’élèves inscrits a doublé, voire triplé, constate Patricia Noël. Le succès est croissant et l’obtention d’une option officielle a été validée par les instances académiques, sans compter que la direction diocésaine m’a aussi demandé de partager mon expérience avec les collègues chefs d’établissement. »
Le théâtre fait même partie des critères de sélection pour le choix d’une école. À Guidel par exemple, nombre d’élèves ont quitté l’enseignement public pour Saint-Jean La Salle exclusivement pour cette option. « Certains ne viennent que pour la comédie musicale », constate également Grégory Léonard, chef d’établissement du lycée Sacré-Cœur La Salle d’Angers. Car outre l’option théâtre classique, cet établissement a une particularité : celle de produire chaque année une comédie musicale.
La comédie musicale du lycée Sacré-Cœur : une véritable institution
« L’année prochaine, ce sera la cinquantième ! », s’émerveille Jade, élève de terminale. Elle a de quoi en être heureuse : sans cette option, la jeune fille ne serait peut-être jamais venue au monde. « Mes parents étaient dans ce lycée et ils se sont rencontrés à la comédie musicale. C’était donc symbolique pour moi », explique-t-elle.
Ce qui était au départ une activité « pour occuper les internes », comme le précise Dominique Roux, une CPE à la retraite qui s’est occupée de cette option entre 1996 et 2018, est devenu la fierté de ce lycée. Les enseignants réussissent l’exploit, chaque année, de monter un spectacle avec un orchestre, des chanteurs, des danseurs et des comédiens avec seulement deux heures hebdomadaires dédiées à cette activité de septembre à décembre, pour des représentations qui ont lieu en janvier – ce qui permet de libérer l’emploi du temps des terminales pour qu’ils se concentrent sur leurs examens pendant les deuxième et troisième trimestres. Exploit qui peut même être qualifié de performance pour Laura Sandrier, la professeure de musique, qui non contente de faire répéter l’orchestre, s’occupe également d’adapter les partitions des chansons pour des instruments qui ne sont pas forcément les mêmes d’une année sur l’autre. Pour aider l’équipe pédagogique, deux à trois chorégraphes les accompagnent en tant qu’intervenantes extérieures. « On prenait les élèves pour ce qu’ils étaient et c’était toujours une bonne surprise », témoigne Dominique Roux.
Elle est la seule, cependant, à constater une baisse d’effectifs : « La préparation de la comédie musicale implique de rester dans l’établissement alors que les autres sont dehors, et c’est un frein pour certains. » Mais pour les élèves qui acceptent l’investissement que demande une telle activité, les bénéfices sont là : « Je suis plutôt quelqu’un de timide qui n’aime pas trop parler en public, et ce qui est bien, c’est que sur scène je me lâche complètement : je n’ai pas l’impression d’être moi-même, vu que je joue un rôle ! », analyse Julie, élève de terminale.
Le théâtre comme facteur de réussite
Que ce soit à Angers avec la comédie musicale ou dans les autres établissements avec différentes options théâtre, les retours sont toujours les mêmes : « Ce qui me marque le plus en collège, c’est de voir que des élèves en très grande difficulté scolaire, dès qu’ils sont motivés et encouragés, mémorisent et jouent très bien », constate Marie de Saint-Martin. L’intégralité des collégiens interrogés à Guidel témoignent du fait que la pratique du théâtre leur a donné confiance en eux et permet une communication plus aisée avec des adultes ou des inconnus.
Parfois cependant, des accidents de parcours surviennent : « L’élève qui avait le rôle principal de la pièce en CP a refusé de monter sur scène le jour J, trop impressionné, se souvient Mélanie Duffy. C’est donc la maîtresse qui a joué son rôle ! Depuis elle veille à ne pas donner un rôle trop important à un seul élève. » Un fossé sépare les répétitions devant les camarades et les représentations devant un vrai public et il est difficile de s’y préparer. Les enseignants comme les élèves apprennent de leurs erreurs. Mais de belles histoires peuvent tout aussi bien – et plus souvent ! – se produire : « Je suis enseignante en lettres. Un jour, un élève de 1re m’a dit qu’il avait enfin compris pourquoi on lui disait qu’une virgule était une pause. Tout l’enseignement de l’écriture s’est alors éclairé pour lui, se souvient avec émotion Patricia Noël. Le théâtre donne du sens aux mots. » L’art dramatique a également un impact lors des examens : « Pour les élèves de la session 2022, les notes au Grand oral du bac ont été bien meilleures que dans les établissements voisins », poursuit-elle.
Du théâtre lasallien au monde professionnel
« Je suis plutôt quelqu’un de timide qui n’aime pas trop parler en public, et ce qui est bien, c’est que sur scène je me lâche complètement : je n’ai pas l’impression d’être moi-même, vu que je joue un rôle ! »
Les options théâtre des établissements lasalliens font-ils naître des vocations ? Pour Catherine Favé, c’est très clair : « Je ne fabrique pas de comédiens. » Ce n’est effectivement pas le rôle d’une professeure de français. Marie de Saint-Martin a une autre approche : « Je n’encourage pas les élèves dans cette voie, connaissant les grandes difficultés économiques liées à cette profession. Je leur dis souvent que le théâtre est un plus et qu’ils peuvent s’en servir comme d’un outil pour des métiers de représentation : vente, enseignement, avocat… Par contre, j’encourage les plus doués à se présenter à des castings pendant les vacances scolaires. Et cela fonctionne. »
Si ces options n’ont pas été conçues pour former des professionnels du monde artistique, quelques anciens élèves ont tout de même poursuivi dans cette voie. « Georgia Scalliet a eu le Molière du meilleur espoir féminin. Un autre élève, Boris Barbé, très réservé, a commencé le théâtre à Saint-Joseph et est devenu…chanteur ! » se réjouit Mélanie Duffy. Effectivement, la première a fait partie pendant de très nombreuses années de la Comédie française, et le second a fait les premières parties des concerts de Thomas Dutronc, Claudio Capéo ou encore Fréro Delavega. On peut aussi nommer Paul Fougère, ancien élève de Notre-Dame La Salle, qui poursuit une carrière sur les planches très honorable en travaillant par exemple avec Stanislas Nordey. Issu du même établissement, Patricia Noël évoque un ancien élève devenu acteur à New York : « Il joue dans des comédies sur Broadway Avenue. Il adore sa vie ! » Les exemples sont certes rares mais ils existent. De Chemillé-en-Anjou à Broadway, il n’y a qu’un pas. Alors pourquoi pas du lycée Sacré-Cœur à Starmania ?
Au beau milieu de l’un des quartiers les plus difficiles de France, un établissement offre un espoir de réussite à de nombreux jeunes : le lycée Sacré-Cœur La Salle. Ce lycée de la dernière chance mise tout sur le soin porté aux élèves. Avec succès.
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