Mercredi 3 octobre 2018 : « Je te suivrai partout où tu iras » (Lc 9, 57-62)
Évangile du jour : « Je te suivrai partout où tu iras » (Lc 9, 57-62)
Mercredi 26ème semaine du temps ordinaire
En ce temps-là, en cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. » Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. » Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Jésus lui répondit : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »
Suggestion :
Le marcheur du Néguev
Où va-t-il donc, ce marcheur solitaire ? Il va rejoindre ses frères. Quelques-uns, qui ont dressé la table avec de lourdes pierres. Autel de bric et de broc. « Ses » frères : non parce qu’ils sont à lui, mais parce qu’il est à eux. Pas un « groupe », pas un « organisme », pas une « institution », mais seulement quelques-uns de cette humanité tout entière convoquée à la paix. Dans ce désert au milieu de nulle part, ils seront quelques-uns. Pas une foule. Ils vont ensemble ouvrir le Livre et manger la Parole, comme on reçoit une manne. Pour aujourd’hui. Pas pour demain. Ensemble, ils vont recevoir « cette parole aimante, qui rend l’être humain vivant, à travers tout, et les humains reliés par cet amour réciproque, en amont de tout, genèse de toute pensée elle-même, et capable d’affronter la ténèbre, et de subsister et perdurer jusque dans les abîmes de la violence[1]. » Ils vont goûter le pain. Pas « faire une messe ». Seulement partager un pain de misère, sur lequel Dieu dit : « Je suis. »
Comme ça, tout simplement, sur une table en pierre de fortune, avant de se remettre en route. Pain essentiel. Puis il faudra repartir. Remettre les sandales. La vie n’est pas de s’installer ici, mais d’aller là-bas. La Terre ne sera pas plus ronde ni moins caillouteuse. Mais, à avoir écouté ensemble la Parole, ils se seront appris – peut-être – à reconnaître qu’une Lumière s’est levée sur le monde, comme un immense espoir ; que l’espérance des pauvres de toutes sortes a désormais un Visage. Et qu’il n’y a pas – et qu’il n’y a plus – de vie abandonnée. La lumière du soir qui habille le désert est irradiée – finalement – par une autre Lumière.
Plus essentielle. Étrange mystère de l’Eglise qui, lorsqu’elle se désencombre en donnant la Parole, ouvre cet horizon nouveau.
Raphaël Buyse, Tempête dans un bénitier, Bayard, 2018, p.159-161
Liens utiles :
[1] Maurice Bellet, Le Dieu sauvage, Paris, Bayard, 2007, p.87
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