Mercredi 18 mars 2018 : « Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit ; mais malheureux celui par qui il est livré ! » (Mt 26, 14-25)
Évangile du jour : « Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit ; mais malheureux celui par qui il est livré ! » (Mt 26, 14-25)
Mercredi Saint
En ce temps-là, l’un des Douze, nommé Judas Iscariote, se rendit chez les grands prêtres et leur dit : « Que voulez-vous me donner, si je vous le livre ? » Ils lui remirent trente pièces d’argent. Et depuis, Judas cherchait une occasion favorable pour le livrer. Le premier jour de la fête des pains sans levain, les disciples s’approchèrent et dirent à Jésus : « Où veux-tu que nous te fassions les préparatifs pour manger la Pâque ? » Il leur dit : « Allez à la ville, chez untel, et dites-lui : “Le Maître te fait dire : Mon temps est proche ; c’est chez toi que je veux célébrer la Pâque avec mes disciples.” » Les disciples firent ce que Jésus leur avait prescrit et ils préparèrent la Pâque. Le soir venu, Jésus se trouvait à table avec les Douze. Pendant le repas, il déclara : « Amen, je vous le dis : l’un de vous va me livrer. » Profondément attristés, ils se mirent à lui demander, chacun son tour : « Serait-ce moi, Seigneur ? » Prenant la parole, il dit : « Celui qui s’est servi au plat en même temps que moi, celui-là va me livrer. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! » Judas, celui qui le livrait, prit la parole : « Rabbi, serait-ce moi ? » Jésus lui répond : « C’est toi-même qui l’as dit ! »
Suggestion :
Plaidoyer pour Judas
Trente pièces d’argent, ce n’est quand même pas cher payé ! Trente pièces d’argent ? Cela ressemble à une braderie. Le fils de Dieu soldé. […] Le plus humain, « le plus beau des enfants des hommes » (Psaume 45) vendu comme une potiche, comme un surplus, comme un vaut-peu, comme un vaut-rien : trente pièces d’argent, ça reste dérisoire. Le Seigneur de la vie à un prix sacrifié. Le Seigneur sacrifié par une vie qui, elle, n’a pas de prix… Mais qu’est ce qui s’est passé dans la tête de Judas ?
Le goût de l’argent ? Peut-être, mais cela m’étonnerait : il tenait la bourse, il savait bien compter. Si c’était par amour de l’argent, il en aurait tiré un meilleur prix, il aurait négocié, marchandé, parlementé. Il aurait fait de bonnes affaires, le casse du siècle. Alors quoi ? Une panique, un long doute, un désarroi, une solitude, comme un grand vide, une blessure. […] Ou quoi encore ? Un grand espoir devenu au fil du temps et des évènements le sentiment d’une illusion, le sentiment de s’être fait avoir, d’avoir été grugé, trompé, détroussé de lui-même, peut-être cambriolé. […] Ou quoi peut-être ? Peut-être une lumière trop crue, trop vive porté par le Seigneur sur son humanité. […] Peut-être une parole trop claire de son Seigneur qui le gênait aux entournures de son humanité encore naissante. Quand une parole est trop claire, trop incisive, trop percutante, trop vraie, on l’envoie balader. Ce n’est jamais facile de se laisser naitre… C’est peut-être ça, aussi, qui s’est passé dans le cœur de Judas. On ne saura jamais…
[…] A quelques jours de Pâques, il ne mérite pas qu’on le prenne pour un traitre, Judas. Ce serait trop facile. Il ne mérite pas qu’on le traite d’infidèle, de fourbe et de menteur. Il est tout simplement terriblement humain, totalement humain, totalement nous-mêmes. Cet homme, comme chacun de nous, a fait ce qu’il a pu… J’ose croire que le baiser était encore sincère… Comme un « je t’aime » ou un « je ne sais plus si je peux t’aimer »… « Mais à quoi sert l’argent dans les mains d’un sot ? » (Proverbes 17, 16)
Raphaël Buyse, Blog « Résonances »
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