Lundi 27 mai 2019 : Au cours du discours solennel qui précède, dans l’évangile selon saint Jean, le récit de la Passion, Jésus parle d’un départ. Ses disciples, eux, ne comprennent pas ce qui va venir. Ils sont seulement envahis par une tristesse immense qui les laisse sans voix. C’est l’heure où l’on pressent que quelque chose touche à sa fin, où l’on réalise que ce qui était donné dans le compagnonnage si familier du Christ, dans la fraternité de son Église, était pur don. Jésus regarde en vérité la tristesse des disciples, et pose la question qu’ils n’osent pas formuler : «Aucun de vous ne me demande : “où vas-tu ?”». Le Christ voit se profiler à l’horizon de sa route la mort et l’abandon de tous, mais c’est pour lui un passage de ce monde à son Père. À travers cette déchirure radicale, il s’en va librement vers celui qui l’a envoyé. Et dans ce mouvement vers plus grand que lui, l’espace devient libre pour un souffle nouveau : «C’est votre intérêt que je m’en aille, affirme-t-il, car si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas vers vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai.» Pourquoi faut-il que le Christ parte pour que nous soit donné l’Esprit ? Il n’y a là aucune autre nécessité que celle de l’amour, d’un amour qui s’efface pour se donner plus totalement. Le Christ se livre dans la mort. Dans un souffle, il se remet au Père et nous donne l’Esprit. Ainsi, dans la lumière de la résurrection, l’espace qui se creuse en nos vies, quand quelque chose en elles se déchire, devient l’appel au grand vent de l’Esprit : le Christ se donne sans nous contraindre et nous offre ce qu’il a de plus cher, son mouvement incessant vers le Père.
Évangile du jour : « L’Esprit de vérité rendra témoignage en ma faveur » (Jn 15, 26 – 16, 4a)
Lundi 6ème semaine du temps pascal – S. Augustin de Cantorbéry, prêtre Mémoire facultative
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. Je vous parle ainsi, pour que vous ne soyez pas scandalisés. On vous exclura des assemblées. Bien plus, l’heure vient où tous ceux qui vous tueront s’imagineront qu’ils rendent un culte à Dieu. Ils feront cela, parce qu’ils n’ont connu ni le Père ni moi. Eh bien, voici pourquoi je vous dis cela : quand l’heure sera venue, vous vous souviendrez que je vous l’avais dit. »
Suggestion :
« Vous vous souviendrez… »
Esprit-Saint, notre mémoire vive ! Quels sont et seront nos souvenirs de rencontres avec Celui qui est… ? Qu’est-Il, qui est-Il ? « Tels seront les souvenirs : ces rares instants où l’on a senti, sous la couche plurielle des faits divers, passer l’appel à devenir ce que l’on est. Il y a souvenir, quand cet appel, on ne l’a pas laissé passer. La voile se tenait prête… ‘depuis le commencement’ (V. 27), le vent s’est pris en elle. Surpris, nous avons pris le large, quitté les vieux rivages. On est d’un coup devenu autre en devenant plus radicalement soi-même. (…) Ces souvenirs, pourtant, ne nous sont connus qu’après coup, à la faveur de la reprise de notre vie en un récit capable d’en repérer les seuils et les sauts[1] », les heurts et les malheurs, les jaillissements et les combats. « Quand l’heure sera venue, vous vous souviendrez » (16, 4) Le Défenseur qui vient et qui rend témoignage à Celui qui est notre vie fera de nous des témoins vivants : ce « je ne sais quoi que l’on vient d’aventure à trouver[2] »[ est en réalité un commencement et le demeurera pour l’éternité.
« Chantez au Seigneur un chant nouveau,
Dansez à la louange de son nom.
Car le Seigneur donne aux humbles l’éclat de la victoire » (psaume 149)
Sœur Renée, www.carmelsaintjoseph.com
Liens utiles :
[1] Martin Steffens, L’Eternité reçue, DDB, 2017, pp 184-185
[2] Jean de la Croix
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