L’interreligieux, chemin d’espérance
Nord. À l’invitation du Clal (Conseil local d’animation lasallienne) de la délégation Nord, la date du 2 mars avait été retenue pour notre rencontre annuelle, regroupant pour la première fois la journée de ressourcement pastoral et la soirée lasallienne. Ce sont plus de soixante-quinze participants des équipes éducatives de la délégation auxquels se sont joints une vingtaine de représentants du réseau lasallien de la Belgique Sud qui ont été accueillis à La Salle Lille.
Chacun s’était mis en route pour échanger sur le thème de « L’interreligieux, un chemin d’espérance », thème retenu en lien avec les orientations de l’Amel (Assemblée de la mission éducative lasallienne).
Ce chemin nous a d’abord mené toute la matinée, par groupes, vers les lieux de culte de la métropole lilloise. Si la porte de la synagogue est malheureusement demeurée fermée gardant ses mystères intérieurs, nous avons pu depuis sa façade extérieure, grâce à Sébastien Parent, responsable du département pastorale scolaire et animation, accéder à l’histoire et la culture. Ailleurs, partout l’accueil fut chaleureux et passionnant.
Permanence d’une pratique religieuse, la mosquée de Lille occupe avec quelques aménagements une ancienne chapelle dominicaine. La volonté de nos hôtes musulmans fut manifeste d’expliquer leurs rites avec une insistance marquée pour la sincérité qui devait en être la source. Le thème du prêche de vendredi « le sens de la bienfaisance » ne pouvait que trouver écho en nous. Même chaleur au temple protestant où un pasteur venu des Pays-Bas, marié et père de deux enfants, a mis en évidence les similitudes chrétiennes mais aussi les différences, se prêtant facilement au dialogue avec un auditoire à l’écoute et rempli de curiosité. La cathédrale de La Treille était quant à elle loin d’avoir livré tous ses secrets et notre guide nous aida à revisiter ce lieu de culte pourtant plus familier. La symbolique des vitraux entre tradition et modernité a particulièrement retenu notre attention et nous avons décrypté avec soin la symbolique de cette façade innovante.
Après la pause bienvenue du midi pour se retrouver de manière conviviale et échanger nos premières impressions, le temps était venu de retrouver nos intervenants de l’après-midi. Il revint à Bénédicte Bernard, déléguée de tutelle, de situer l’enjeu de cette rencontre avant de laisser la parole à Felice Dassetto, professeur émérite à l’université catholique de Louvain. Celui-ci se livra avec une grande humilité à une magistrale leçon d’histoire sur l’Islam… pour éclairer le présent ! Son exposé érudit et complet ne pouvait que nous donner l’envie d’approfondir cette question complexe. Nous retiendrons notamment cette question : « au moment où le modèle Wahhabite semble majoritairement s’imposer, comment ré ouvrir les portes de l’hijtihad c’est-à-dire l’étude critique des textes, afin de permettre l’adaptation de l’Islam au monde moderne ? »
Ce fut ensuite au tour de Colette Hamza, religieuse Xavière et déléguée du diocèse de Marseille pour les relations avec les musulmans, de nous livrer quelques clés pour un dialogue constructif. D’emblée cette religieuse engagée et au parler vrai posa un préalable essentiel : « je ne visite pas la maison de mon voisin avec mon propre trousseau de clés ! ». Et de poursuivre une analyse sémantique autour des mots débat, échange, entretien, dialogue, rencontre, tolérance, conversation pour situer les différents niveaux de la rencontre. Il s’agissait ensuite de préciser la position de l’Église catholique. Sa mission est d’être au cœur du monde, affirmant que la différence de l’autre m’intéresse et me permet d’approfondir mes propres convictions, osant dire avec les papes que nous sommes tous des « pèlerins de la vérité ». Dans ce contexte, clarté, douceur, confiance et prudence s’imposent dit Paul VI. Avec force, Colette Hamza nous redit l’importance d’être signe de ce qui nous fait vivre au-delà du dogme, pour permettre aux jeunes générations de trouver sens à leur vie. Elle esquissa également quelques pistes pédagogiques vers l’éducation aux médias et l’éveil de l’esprit critique.
La table ronde avec nos intervenants a permis le retour sur quelques points après un échange en 6X6. Ce fut l’occasion de lever les peurs, rappelant que nous sommes porteurs d’une Bonne Nouvelle et que le risque réside plutôt pour chaque religion dans la sécularisation.
Après le temps de la réflexion est venu celui de l’action avec la présentation de l’association « Coexister ». Ces jeunes enthousiastes, généreux et créatifs œuvrent sur le terrain, dans les établissements scolaires. Concrètement par le dialogue, la sensibilisation et des actions de solidarité, ils s’attaquent aux préjugés. C’est sur cet enthousiasme communicatif que s’est clôturée cette journée après avoir chaleureusement remercié nos intervenants et l’établissement La Salle Lille de son accueil et avant de partager un dernier repas. Les premières réactions recueillies « à chaud », ont permis d’exprimer toute la satisfaction des participants : envie d’en savoir plus, beau message d’espérance, discours stimulant qui invite au dialogue… À l’évidence ce chemin d’espérance, ensemble, s’est éclairci.
Pour le Clal de la délégation Nord,
Alain Desplechin
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