Jeudi 10 mars 2018 : « Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu » (Mc 16, 15-20)
Évangile du jour : « Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu » (Mc 16, 15-20)
Jeudi Ascension – Solennité du Seigneur
En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. » Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.
Suggestion :
J’ai difficile à croire
Trois jours dans un tombeau scellé. Puis quarante jours en garde à vue sur le parking du temps. Dix jours enfin avant la grande tempête. J’ai difficile à croire, comme on dit en Belgique, en ce calendrier christique… J’ai difficile à croire en un Dieu qui jouerait à « un, deux, trois, soleil » avant de ressusciter Jésus. J’ai difficile à croire en un Dieu qui dirait : « je vais les laisser pleurer, être hébétés trois jours conformément aux Ecritures ».
J’ai difficile à croire en ce Jésus qui décompterait comme un enfant qui attend une promesse « 40 dodos qui restent » avant de remonter au Ciel. J’ai difficile à croire aussi qu’il a fallu dix jours à Dieu pour souffler la tempête et allumer un feu… L’enfilade de pâques-ascension-pentecôte – allez, je vous le dis -, « j’ai difficile à croire ».
Les textes se contredisent. Dans l’un on parle d’un tremblement de terre, dans l’autre de la fraicheur d’un petit matin. Pour l’un, il apparaît en Galilée mais pour un autre, c’est à Jérusalem et dans les environs. Pour l’un, c’est le soir de Pâques qu’il souffle sur eux, mais pour un autre, c’est 50 jours plus tard que l’Esprit est donné. Un jour, dit-on, il disparait : Matthieu écrit que son ascension se passe sur une montagne de Galilée, tandis que Luc voit cette affaire à Béthanie. Que croire quand à côté de ces deux versions, on en trouve une troisième dans le livre des Actes qui dit que c’est du Mont des Oliviers, 40 jours après Pâques, qu’il monte au ciel sous les yeux de ses disciples qui n’en reviennent pas ? Que penser de tout cela ?
S’il y a tant de versions de ces mêmes évènements, c’est que le départ de Jésus échappe en fait au temps et à l’espace. L’évènement de sa résurrection était tellement « éblouissant » qu’il a fallu le difracter, en déployer toutes les couleurs. Cette nouvelle – une Bonne Nouvelle – était tellement inouïe qu’il a fallu risquer des mots et des images. Il ne faudrait cependant pas que cela nous maintienne dans la naïveté d’un conte de fées.
Pâques, ascension et pentecôte : il serait bien possible que tout se soit joué en quelques heures, aux portes de la ville, lorsque Jésus est condamné et cloué violemment sur une croix. Serait-il fou de croire que dès sa mort sur la croix – une vraie mort – Jésus était déjà ressuscité, déjà « monté au ciel » comme on dit, et son Esprit déjà donné ? Serait-il sot de croire que Jésus sur la croix était déjà le Seigneur de Pâques, victorieux de la mort ? Dire les choses comme cela n’enlève rien à la part de mystère et à la foi de l’Eglise… […]
Il leur a dit : « Apprenez-leur à garder tout cela ». Il voulait dire : « Eveillez-les. Ne les infantilisez pas. Nourrissez-les d’une belle intelligence de leur foi, aidez-les à traduire dans leurs vies et dans leurs choix tout ce qu’ils ont entendu de l’évangile de la vie… »
Voilà, me semble-t-il, l’affaire de Pâques, de l’Ascension et de la Pentecôte : cet évènement fonde l’Eglise pour ce temps. C’est l’heure d’en vivre encore. Dans l’évangile du matin de Pâques, on raconte que les femmes devant le tombeau « baissaient le visage vers la terre ». A l’Ascension, on dit que les disciples restent là, « le regard porté vers le ciel ». Quoi faire alors ? Ni regarder la terre ni lorgner vers le ciel, mais nous regarder les uns les autres et chercher dans nos regards la joie de croire en notre Ami commun. Et avec lui, d’aimer passionnément le monde.
Son Eglise naîtra toujours dans le croisement de nos regards : je n’ai pas difficile à croire cela !
Raphaël Buyse, sur le site www.raphaelbuyse.wordpress.com
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