Fête de la Vie consacrée
Vivre en Frère des Ecoles chrétiennes en ce début du XXIème siècle c’est être immergé dans un univers matériel, culturel, moral, religieux, qui a profondément changé durant la seconde moitié du siècle précédent et qui continue à évoluer avec plus ou moins de rapidité selon les cultures. Un mot peut définir cette situation : celui de crise. On parle de crise économique, éducative, morale, religieuse.
Il est important de nous rappeler que dans les temps de crise, les religieux ont toujours regardé vers l’avenir. St J.B. de la Salle qui vivait au temps de ce qu’un historien a appelé «la crise de la conscience européenne», et les fondateurs d’autres congrégations religieuses, n’ont pas été des nostalgiques du passé, ils n’ont pas pris non plus des chemins faciles cédant à la tentation d’être comme tout le monde. Attentifs aux « signes de leur temps », ils ont été amenés à élaborer peu à peu des projets dont nous sommes les héritiers.
Frères du XXIème siècle, nous ne pouvons pas nous reposer sur les succès passés. Fidèles à l’esprit créatif de notre Fondateur, nous devons vivre comme des « appelés » en permanence pour répondre avec les yeux ouverts et le coeur brûlant10 aux sollicitations de l’Esprit. Nous devons essayer d’aller à l’essentiel de ce qui fait notre vocation et le faire percevoir, surtout par les jeunes.
Par sa consécration et sa mission de formation humaine et religieuse, par son engagement dans l’action sociale et la vie ecclésiale, par son souci de la promotion des jeunes en difficulté, le Frère se situe à la frontière de l’Église et de la société, du religieux et du social.
L’Évangile est la référence fondamentale de la vie du Frère. Chacun de nous doit se demander sans cesse comment il s’efforce d’intégrer le message évangélique dans sa vie quotidienne, comment il réussit à unir les éléments constitutifs de sa vocation : la consécration à Dieu comme religieux laïc, la mission apostolique d’éducation et d’évangélisation, spécialement auprès des pauvres, et la vie fraternelle vécue en communauté. Sans maintenir l’unité vivante entre la mission, la vie, et l’expérience de Dieu, notre forme de vie religieuse fraternelle apparaît fragmentée, constituée de blocs erratiques extraits d’un ensemble qui n’inspire ou n’encourage plus.
L’expérience personnelle de J.B. de La Salle lors de la fondation de l’Institut manifeste que celui-ci se laisse guider par l’Esprit à travers l’Ecriture pour fonder son Institut et élaborer le style de vie des Frères. La figure du Frère qui s’en dégage c’est celle du disciple. Mais dans le même mouvement une autre figure vient se superposer : c’est celle de l’apôtre.
En effet le Frère vit sa consécration à Dieu et la suite de Jésus à travers son voeu d’association pour l’éducation et l’évangélisation des pauvres, par sa proximité avec ceux qui se trouvent dans le désert, à la périphérie et aux frontières de la société. C’est l’héritage que de La Salle et les premiers Frères nous ont légué : l’Évangile est au coeur de notre mission qui est de manifester et d’annoncer le Salut et le Règne de Dieu aux pauvres et à tous les jeunes confiés à nos soins, et de les leur faire expérimenter.