Vénérables, bienheureux et saints

Les frères

Les frères vénérables, bienheureux et saints

L’Église catholique a mis en place une procédure pour reconnaître comme sainte une personne religieuse ou laïque morte en odeur de sainteté. La cause de cette personne est instruite auprès de la Congrégation pour la cause des saints lors d’un procès en canonisation qui comporte plusieurs étapes. Le procès débute par la déclaration de reconnaissance de la personne défunte comme « vénérable », ce qui permet de recevoir une vénération locale. Le processus continue par la béatification qui mène au rang des « bienheureux » et à un culte plus généralisé. Le procès se termine par la canonisation et le statut ultime de « saint ». Il faut pour cela au moins deux miracles liés au culte du bienheureux.

Dans la longue histoire de la congrégation des Frères des écoles chrétiennes, plusieurs frères se sont distingués par leurs actions, leur vie exemplaire ou leur mort en martyr. Dans le district de France et de l’Europe francophone sont présentes quelques-unes de ces grandes figures.

Les vénérables

Frère Alpert (Chrétien Motsch, 1849-1898)

Le frère Alpert (Chrétien Motsch) est né le 29 mai 1849 à Eywiller, en Alsace. En 1879, on lui confie la direction d’une grande et belle œuvre : la Mission Saint-Joseph, rue Lafayette à Paris, une école fréquentée par des élèves de familles alsaciennes et lorraines émigrées à cause de la guerre franco-allemande de 1870-1871. Habile éducateur, il sait allier la bonté et la fermeté dans la formation des jeunes. Ceux-ci répondent généreusement à l’ardeur de son zèle, prenant part à l’adoration nocturne à Montmartre et à l’association Saint Benoît Labre créée à l’initiative du frère Exupérien. Au cours de la guerre, il contracte une paralysie progressive qu’il accepte comme une grâce du Seigneur. Il meurt à Paris en 1898.

vénérable frere alpert
vénérable frere Bernardo felipe

Frère Bernardo-Felipe (Jean Fromental, 1895-1978)

Jean Fromental est né le 27 juin 1895 à Servières, en Lozère. À l’âge de 13 ans, il éprouve le désir de devenir frère des Écoles chrétiennes. Suivant l’exemple de son cousin Joseph, il entre au petit noviciat de Vals le 21 octobre 1908. En raison des lois antireligieuses en France, il est envoyé à Premiá de Mar (Espagne). Le frère Miguel Febres Cordero est son professeur d’espagnol et c’est avec lui qu’il part à Barcelone.

Le 31 août 1911, il prend l’habit de frère et prononce ses premiers vœux le 20 septembre 1912, recevant le nom de Bernardo-Felipe. Il fait sa profession perpétuelle le 5 août 1920. Il est envoyé à Cuba en 1913 puis au Mexique le 10 janvier 1926, juste au moment de la Cristiada, persécution religieuse décidée par le gouvernement mexicain anticlérical.

Face aux besoins de son temps, l’urgence surgit dans son cœur de servir l’Église d’une manière particulière : imaginer une congrégation féminine avec l’esprit et la mission de Jean-Baptiste de La Salle. Ainsi, en 1946, il fonde la Pieuse union des sœurs des écoles chrétiennes de sainte Marie de Guadalupe, aujourd’hui appelées Sœurs guadaloupaines de La Salle. La congrégation se place sous la protection de sainte Marie de Guadalupe et poursuit les intuitions éducatives de saint Jean-Baptiste de La Salle.

Au début des années 50, le frère Bernardo-Felipe rentre en France où il occupe différentes fonctions (infirmier, économe…) avant de prendre sa retraite.
À la demande de la sœur supérieure générale de l’Institut, il retourne au Mexique le 4 septembre 1971 et reste vivre auprès des sœurs jusqu’à sa mort, le 5 décembre 1978. Il est déclaré vénérable le 5 juillet 2013.

Frère Exupérien (Adrien Mas, 1829-1905)

Né le 7 juin 1829 à Poujol, Frère Exupérien (Adrien Mas) est l’inspirateur des retraites mensuelles destinées à raviver la vie spirituelle chez les frères, et du second noviciat d’une durée de neuf mois. Il fonde l’association Saint Benoît Labre dans le but d’amener les jeunes à mener une vie authentiquement chrétienne. Il est l’inspirateur et l’âme du premier Syndicat des employés de l’industrie et du commerce (SECI) pour la sauvegarde des intérêts matériels et spirituels des membres. C’est de ce syndicat qu’est née par la suite la Confédération française des travailleurs chrétiens (CFTC). Il est décédé le 31 janvier 1905 à Paris.

vénérable frere exuperien

Frère Nymphas-Victorin (Augustin Arnaud, 1885-1966)

Augustin Arnaud est né à Onzillon, au sud du Puy-en-Velay, le 17 septembre 1885.

Alors qu’il a rejoint la congrégation des Frères des écoles chrétiennes, les persécutions religieuses du début du XXe siècle en France le contraignent à l’exil.

Cuba est sa patrie de prédilection : il y reste de 1905 à 1961. Il s’adapte merveilleusement bien à cette île et y trouve un accueil enthousiaste pour ses nombreuses initiatives apostoliques. Il est en effet le fondateur :
– de l’Association La Salle en 1919
– de la Fédération de la jeunesse catholique cubaine, hommes et femmes
– du Foyer universitaire catholique en 1946
– du Mouvement familial catholique en 1953

De 1961 jusqu’à sa mort, six ans plus tard, il réorganise plusieurs associations d’exilés cubains à New York, à Miami et à Porto Rico. C’est à San Juan de Porto Rico qu’il meurt le 16 avril 1966.

Sa sainteté quotidienne demeure : il a su transformer une existence simple, liée au lieu et à la simple répétition de gestes et d’actions ordinaires, en un don continu de soi à Dieu et aux autres. « La sainteté ne consiste pas dans des choses extraordinaires, mais dans des choses communes faites d’une manière peu commune », telles sont les paroles autorisées avec lesquelles Pie XI louait de manière héroïque le « quotidien terrible ».

de Frère Nymphas-Victorin

Prière

Seigneur Dieu, qui a promis d’exalter les humbles et de faire briller comme des étoiles pour l’éternité ceux qui enseignent la justice à beaucoup, daigne glorifier ton serviteur Frère Victorin, apôtre infatigable de l’enfance et de la jeunesse, et faire briller son nom parmi tes saints.

Multipliez vos grâces en faveur des fidèles qui vous implorent, en vous rappelant les vertus qu’il a pratiquées sur terre.

Puissions-nous un jour voir la sainte Église honorer sa mémoire et proposer en lui un nouveau modèle à imiter et un protecteur de plus pour nous aider dans notre fatigue et notre chagrin et nous aider à atteindre la béatitude du ciel.

Amen

Les bienheureux

Martyrs des pontons de Rochefort
(fin XVIIIe)

Le nom de « ponton » est donné à de vieux bateaux, ancrés à Rochefort, là où la rivière Charente se jette dans la mer, dans la région de La Rochelle. Deux de ces bateaux, Les deux associés et le Washington, sont utilisés comme prisons au cours de la Révolution française. On dénombre 827 prisonniers, dont 542 meurent durant les mois de captivité particulièrement inhumaine qu’ils passent sur les pontons entre le 11 avril 1794 et le 7 février 1795.

Parmi les prisonniers des pontons figurent sept frères des Écoles chrétiennes : Roger, Léon, Uldaric, Pierre-Christophe, Donat-Joseph, Avertin et Jugon. Les trois derniers survivent et sont libérés le 12 février 1795. Les quatre autres meurent en prison. Mais dans le groupe de ceux qui ont été béatifiés le 1er octobre 1995, seuls les frères Roger, Léon et Uldaric sont inscrits. Comme les informations au sujet du frère Pierre-Christophe manquent, il n’a pas été inclus dans le groupe.

MartyrsPontonsRochefort1
frere arnould bienheureux

Frère Arnould
(Jules-Nicolas Rèche, 1838-1890)

 

Né à Landroff le 2 septembre 1838 dans une famille pauvre de Lorraine, Jules-Nicolas Rèche rencontre les frères des Écoles chrétiennes pour la première fois quand il suit des classes du soir et il demande à entrer dans la congrégation. Il enseigne pendant 40 ans dans un pensionnat de la rue de Venise à Reims. Malgré les exigences d’un temps complet d’enseignement, il parvient à étudier et devient compétent en théologie, mathématiques, sciences et agriculture qu’il enseigne à de petits groupes d’élèves plus avancés.

Pendant la guerre franco-prussienne de 1870, il travaille avec d’autres frères comme infirmier pour répondre aux besoins médicaux et spirituels des blessés des deux camps. Il reçoit pour cela la croix de bronze.

L’intensité de sa vie de prière et son amour des pratiques de pénitence poussent les supérieurs à le nommer directeur des novices. Frère Arnould est connu pour sa dévotion à la Passion du sauveur et sa docilité au Saint Esprit, qui, comme il le fait souvent remarquer, « fortifie le cœur des hommes ». Il meurt à l’âge de 52 ans en réputation de sainteté, quelques mois seulement après sa désignation comme directeur général du Sacré-Cœur. Il a été béatifié le 1er novembre 1987.

Frère Scubilion
(Jean-Bernard Rousseau, 1797-1867)

Né le 21 mars 1797 à Annay-la-Côte, Jean-Bernard Rousseau fait le catéchisme dans son village natal de Bourgogne, quand on lui présente les frères qui viennent d’ouvrir une école dans une ville voisine. Il entre au noviciat de Paris en 1822.

Après dix années d’enseignement dans des écoles élémentaires en France, le frère Scubilion quitte la France en 1833 pour consacrer les 34 années qui lui restent aux esclaves de l’île de la Réunion dans l’océan Indien. On l’appelle le « catéchiste des esclaves » ; il inaugure des classes du soir pour eux, ils y viennent en grand nombre, même après une longue journée de travail épuisant. Il invente des programmes et des techniques spécialement adaptés à leurs besoins et à leurs capacités, de façon à leur apprendre l’essentiel de la doctrine et de la morale chrétiennes et à les préparer à recevoir les sacrements. Il se les attache par ses manières aimables et pleines de respect pour eux.

Après l’émancipation des esclaves, en 1848, il continue à s’occuper d’eux et à les aider à s’adapter à leur vie nouvelle de liberté et de responsabilité. À sa mort, en 1867, il est vénéré partout dans l’île comme un saint. Frère Scubilion a été béatifié en 1989.

frere scubilion

de FRÈRE SCUBILION

Prière

Seigneur,
Tu as fait du frère Scubilion un éducateur plein d’esprit de foi et de zèle pour évangéliser les pauvres, conduire les esclaves à l’espérance, appeler les pécheurs à la réconciliation ; accorde-nous de suivre son exemple, pour qu’avec l’aide de la Vierge Marie, nous puissions vivre de ton amour dans la lumière de l’eucharistie et le rayonnement de la croix glorieuse.

Par Jésus-Christ, ton fils, notre Seigneur et notre Dieu, qui règne avec toi et le Saint Esprit, maintenant et pour les siècles des siècles.

Amen.

Les saints

Frère Bénilde (Pierre Romançon, 1805-1862)

Pierre Romançon est né à Thuret, dans le Puy-de-Dôme. Il est tellement en avance sur ses camarades du primaire que les frères l’engagent comme assistant-instituteur à l’âge de 14 ans. Malgré les objections de ses parents qui veulent le garder à la maison et les réticences de ses supérieurs qui le jugent trop petit, il est finalement admis au noviciat.

De 1821 à 1841, il enseigne dans le groupe d’écoles élémentaires que possédaient les frères dans la région administrative de Clermont-Ferrand. En 1841, il est nommé directeur de l’école ouverte à Saugues, une ville isolée dans une plaine aride du sud de la France. Durant les 20 années suivantes, il travaille sereinement et efficacement, comme enseignant et directeur, à l’éducation des enfants du village et de certaines fermes environnantes. Beaucoup sont déjà presque des hommes mais n’ont jamais été scolarisés jusque-là. Bien que de petite taille, Frère Bénilde a la réputation d’être strict mais juste. Bientôt, la petite école de Saugues devient le centre de la vie sociale et intellectuelle de la ville, avec des cours du soir pour les adultes et un soutien aux élèves les plus faibles.

L’extraordinaire sens religieux du frère Bénilde est évident pour tous : lors de la messe avec les élèves de l’église paroissiale, dans l’enseignement du catéchisme, dans la préparation des enfants à la première communion, dans les visites aux malades et la prière avec eux, ainsi que dans les rumeurs de guérisons miraculeuses. Il est particulièrement efficace pour attirer des vocations. Au moment de sa mort, plus de 200 frères et un nombre impressionnant de prêtres sont ses élèves à Saugues. Il a été canonisé le 29 octobre 1967.

Lors de la cérémonie de béatification, le pape Pie XII a dit de lui : « Il fit les choses communes d’une manière non commune. »

frere saint benilde
saint frere mutien marie

Frère Mutien-Marie (Louis Wiaux, 1841-1917)

Louis Wiaux, troisième de six enfants, est né à Mellet, une petite ville de Belgique francophone où presque tout le monde est catholique pratiquant. Son père est forgeron et sa mère participe à la gestion d’un café dans une pièce de la maison familiale. Les propos grossiers n’y sont pas tolérés et les après-midi de bière et de jeux de cartes se terminent toujours par la prière du chapelet. Louis n’a ni les capacités physiques ni le goût du métier de son père. Il est convaincu que le Seigneur l’appelle à un autre type de travail. Dès qu’il aperçoit les frères dans une école voisine, il décide d’entrer au noviciat de Namur. Après avoir enseigné deux ans dans des classes élémentaires, il est affecté au pensionnat de Malonne, où il passera les 58 années suivantes.

Au début, le frère Mutien-Marie a du mal à faire face à la fois aux exigences de l’enseignement et de l’encadrement. Mais le frère responsable des cours de musique et d’art, qui constituaient alors une partie importante du programme, est disposé à l’aider.  À partir de ce moment-là, le frère Mutien-Marie est non seulement un professeur efficace dans ces matières, mais aussi un surveillant attentif et un catéchiste écouté dans la paroisse voisine. Il exerce une influence extraordinaire sur les élèves grâce à sa patience et à sa piété évidente. Il est connu pour passer le plus de temps possible devant le tabernacle ou la grotte de Notre-Dame.

Parmi les frères, on dit qu’on ne l’a jamais vu transgresser le moindre point de la Règle des frères. Après sa mort à Malonne, sa renommée se répand dans toute la Belgique et de nombreux miracles lui sont attribués. Ses reliques sont vénérées à Malonne, dans le monument construit en son honneur après sa canonisation le 10 décembre 1989.

Frère Salomon (Nicolas Louis Guillaume Leclercq, 1745-1792), martyr de la prison des Carmes à Paris

Nicolas Louis Guillaume Leclercq est né le 14 novembre 1745 à Boulogne-sur-mer. Il entre au noviciat en 1767 et commence par enseigner. Il est plus tard appelé à différentes fonctions : directeur des novices à Maréville puis procureur. Il part ensuite à Rouen Saint-Yon pour compléter sa formation avant de gérer le scolasticat de Melun. Il devient dès 1787 le secrétaire général de l’Institut auprès du frère Agathon, alors supérieur général.

Après le renversement de la monarchie au début de la Révolution française, la cible suivante est l’Église. En 1790, la Constitution civile du clergé donne à l’État le contrôle sur l’Église de France. Les prêtres et les religieux doivent prêter serment de fidélité à la Constitution sous peine d’exil, d’emprisonnement et même de mort. La plupart des frères refusent et doivent abandonner leurs écoles et leurs communautés et se cacher, l’Institut n’ayant plus de statut légal.

Frère Salomon vit seul à Paris dans la clandestinité quand il est arrêté et enfermé au couvent des Carmes devenu prison, avec de nombreux évêques, prêtres et religieux. Le 2 septembre 1792, la presque totalité des prisonniers est massacrée à coups d’épée dans les locaux et le jardin du couvent. Frère Salomon Leclercq est le premier de nos frères martyrs et aussi le premier béatifié en 1926. Il est canonisé le 16 octobre 2016.

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